Review Ancient Italian Tarot de Inconnu

Le jeu Ancient Italian Tarot de Lo Scarabeo est livré dans une boîte en carton souple, un format typique des tarots édités par cette maison. Ce packaging est standard, sans grande surprise pour les habitués de la marque.

Les cartes elles-mêmes sont relativement fines et souples, une caractéristique fréquente chez Lo Scarabeo. Si, dans le passé, cette finesse me semblait être un signe de moindre qualité, j'ai appris à l'apprécier. Ces cartes offrent une grande souplesse, ce qui les rend très agréables à manipuler. Elles glissent parfaitement entre les mains, ce qui est un vrai atout pour les mélanges et les tirages.

Côté finition, elles possèdent un aspect satiné discret, ce qui signifie qu'elles ne brillent pas excessivement sous la lumière. Ce choix de finition améliore l'expérience visuelle et tactile lors des tirages. Les dimensions des cartes sont classiques pour un tarot : 12 cm sur 6,5 cm. Ce format standard est pratique, ni trop grand ni trop petit, ce qui permet de bien distinguer les illustrations tout en restant maniable.

Le jeu de tarot "Ancient Italian Tarot" édité par Lo Scarabeo est une réédition d'un tarot italien classique du 19ème siècle. Malheureusement, les informations disponibles ne mentionnent pas spécifiquement l'auteur original de ce jeu divinatoire.

Ce tarot est décrit comme l'œuvre d'un artiste anonyme qui a réinventé le design classique des jeux de Marseille. Cette création marque une étape importante dans l'évolution du tarot en Italie, représentant la maturité atteinte par cet art divinatoire dans le pays au 19ème siècle.

Lo Scarabeo, la maison d'édition qui a publié cette version moderne, est connue pour ses reproductions de jeux de tarot historiques et traditionnels. Ils ont réédité ce jeu pour le rendre accessible aux amateurs de tarot contemporains, tout en préservant son esthétique et son graphisme d'origine.

Bien que l'identité de l'artiste original reste inconnue, son œuvre est considérée comme un exemple significatif de l'art du tarot italien du 19ème siècle. Le jeu reflète probablement les influences culturelles et artistiques de cette époque en Italie, tout en s'inscrivant dans la tradition des tarots de Marseille.

Le livret inclus avec l’Ancient Italian Tarot est beaucoup plus complet que les simples feuillets qu’on trouve habituellement avec les tarots de Marseille. Il contient 64 pages, ce qui est remarquable pour ce type de produit, mais attention il est multilingue et propose un texte en six langues : anglais, italien, espagnol, français, allemand et portugais. Cette diversité linguistique est une marque de fabrique de Lo Scarabeo, mais elle réduit l’espace consacré à chaque langue. On retrouve ainsi environ une douzaine de pages par langue, ce qui limite la profondeur des informations.

Contenu du livret

Le livret propose une introduction succincte avec une présentation des tarots traditionnels et un paragraphe dédié aux tarots italiens.

Ensuite il propose un tirage original : "La Main". Ce tirage est particulièrement intéressant par sa structure en 7 cartes :

• Pouce : volonté, vitalité, créativité, sensualité.
• Index : ordre, ambition.
• Majeur : concentration, intellect, destin.
• Annulaire : tendances artistiques, amour, vie sociale.
• Auriculaire : intelligence, éloquence, habileté.
• La paume représente la force, le courage et la résistance.
• Le côté de la main évoque l’imagination, les rêves et les voyages.

Ce tirage sort de l’ordinaire et propose une approche symbolique intéressante, en associant les qualités humaines aux doigts de la main.

Suivent les significations des cartes en commençant par les arcanes majeurs où chaque carte est décrite à l’endroit et à l’envers, avec une liste de 6 à 8 mots-clés. Il est donné un mot-clé emblématique pour chaque carte, et parfois ce mot-clé se démarque de ce que l'on pourrait attendre, par exemple, Le Bateleur : volonté, L’Hermite : prudence, La Maison-Dieu : exil, Le Fou : bizarreries. Certes, on pourrait me dire que c'est normal, les illustrations sont différentes de la forme canonique du Tarot de Marseille, donc on a des interprétations différentes. Ce qui serait très juste, si les illustrations comportaient des détails graphiques suggérant de telles interprétations.

Avec les arcanes mineurs, les couleurs suivent les associations classiques :

• Danari (Deniers) : Terre, activités économiques et matérielles.
• Bastoni (Bâtons) : Feu, activité corporelle (ce qui peut surprendre, car ce qui est du ressort du physique est souvent associé aux Deniers).
• Spade (Épées) : Air, réflexion, logique.
• Coppe (Coupes) : Eau, émotions, intuitions.

Chaque carte est accompagnée de 4 à 5 mots-clés qui reflètent un mélange entre les significations traditionnelles (Rider-Waite-Smith) et la numérologie. Si la majorité des interprétations proposées sont classiques, quelques choix sont discutables : Les chiffres 5 et 6 sont présentés comme globalement négatifs, ce qui manque de neutralité par rapport à leur symbolisme numérologique. Il faut ici certainement y voir l'influence de la tradition Rider-Waite-Smith.

Les cartes de cour (Valet, Cavalier, Reine, Roi) restent dans une interprétation classique, avec des mots-clés qui les rendent accessibles pour les débutants comme pour les utilisateurs avancés.

Conclusion sur le livret

Le livret de l’Ancient Italian Tarot est une ressource utile et bien conçue, malgré quelques limites dues au format multilingue. Son tirage original "La Main" et la richesse des mots-clés en font un atout précieux pour explorer ce tarot. Cependant, certains choix d'interprétations pourraient surprendre les puristes. C’est un livret qui conviendra parfaitement à ceux qui cherchent une approche mixte entre tradition et originalité.

Dans ce jeu, le Bateleur n’est pas représenté comme un jongleur habituel mais davantage comme un artisan. Sur sa table, divers outils évoquent une symbolique des quatre éléments : Un vase pour l’eau (Coupes), Un bâton ou des objets en bois pour le feu (Bâton), Une pièce de monnaie (ou un disque) pour la terre (Denier), Un marteau ou une pince pour le métal, représentant l’air (Epées).

Cette association des éléments donne une profondeur symbolique particulière à cette carte. On remarque également qu’il lève une coupe, semblant porter un toast avec l’expression implicite : « À ta santé ». Ce détail renforce un lien direct avec le consultant.

L’iconographie du Bateleur avec des cheveux roux pourrait symboliser la créativité ou l’énergie, des caractéristiques souvent associées au feu. Cela enrichit la perception d’un personnage en mouvement et prêt à agir.

L’Impératrice est étonnamment représentée avec un corset métallique, lui conférant une allure de guerrière. Cela contraste avec l’image traditionnelle de la fertilité et de l’abondance, la plaçant dans une posture d’autorité et de puissance.

On note également un voile derrière ses épaules, semblable à celui de La Papesse, ce qui les rapproche symboliquement. Les cheveux roux, une fois encore, réaffirment une thématique récurrente dans ce tarot : force et passion.

Ce mélange d’éléments guerriers et spirituels pourrait suggérer une tension entre l’intellect (représenté par le voile) et la matérialité (le corset métallique), créant une Impératrice équilibrée mais complexe.

La représentation de l’Amoureux se distingue nettement des autres tarots. Plutôt qu’un homme entre deux femmes, on trouve un soldat partagé entre un roi (à gauche) et une femme, probablement son épouse (à droite). Le roi incarne l’obéissance au devoir et à l’autorité, tandis que l’épouse représente l’amour et la fidélité personnelle. Ce dilemme rend la carte plus narrative que symbolique.

Cette version met l'accent sur la notion de choix dans un contexte hiérarchique, évoquant une lutte entre l’allégeance sociale et le désir personnel, ce qui peut s'appliquer à des dilemmes modernes.

Le Chariot, carte de victoire et de mouvement, présente ici des éléments surprenants. Au centre, au lieu d’un blason gravé des initiales du créateur, on trouve une tête de bélier, symbole de force et de détermination. Le personnage est couronné, ce qui pourrait davantage le rapprocher d’un roi que d’un prince. Au sol, une couronne de laurier offerte par les divinités est sur le point d’être piétinée par les chevaux. Cela suggère une possible indifférence ou mépris du personnage pour les honneurs divins ou l’autorité qui l’a élevé. La couronne de laurier pourrait également représenter une victoire éphémère, rapidement oubliée dans la quête incessante de pouvoir ou de reconnaissance.

La Justice, traditionnellement associée à l’équité, prend ici une dimension plus nuancée. La balance et l’épée sont inclinées, rappelant une justice imparfaite, influencée par des biais humains. Un œil sur le collier de la Justice évoque un troisième œil, symbole d’intuition et de sagesse supérieure. Cependant, son regard est baissé ou dirigé vers la balance, soulignant une réflexion intérieure ou un questionnement sur ses propres jugements.

L'absence de trône, remplacé par des ailes dans cette version, donne une Justice plus éthérée, peut-être inspirée d’un idéal divin mais dépourvue de la stabilité terrienne. Cette interprétation renforce l’idée que cette Justice oscille entre les intérêts et les travers de la vie terrestre et une aspiration à une justice divine idéalisée.

Dans cette version, la Roue repose sur la terre ferme, contrairement à certaines représentations où elle est associée à l'eau ou au mouvement perpétuel. La manivelle est absente du cadre, ce qui peut évoquer une absence de contrôle direct sur le destin. Un détail notable est la coupe enflammée posée sur un montant de la roue, dont la fumée s'élève vers le personnage au sommet. Ce dernier, rappelant Zeus, lance des éclairs, marquant son apogée de pouvoir et d'influence. Il tient une corne d'abondance, d'où tombent des pièces et une couronne vers un animal grimpant sur la roue, peut-être un renard ou un loup. Le feu dans la coupe peut représenter la transformation ou la destruction, tandis que l'animal grimpeur illustre la ruse (renard) ou la force instinctive (loup). Cela souligne l'éphémérité du pouvoir et des possessions.

Cette carte dépeint une femme au cœur d'un affrontement direct avec un lion, une image plus conflictuelle que dans d'autres tarots où le lion semble dompté. Ici, le lion pose une patte griffue sur la robe de la femme, tandis qu'elle, d'un pied, le maintient au sol. Ce face-à-face intense montre une lutte active entre impulsions primaires (le lion) et contrôle humain (la femme). Le regard déterminé de la femme et son geste pour écarter la gueule du lion symbolisent un combat intérieur ou une quête de maîtrise. Mais l'issue reste incertaine : le lion conserve une position menaçante, illustrant un équilibre fragile entre domination et échec.

Le Pendu dans ce jeu affiche un regard apeuré, un détail inhabituel dans les représentations classiques où l'expression est plus sereine. Cela peut évoquer une forme de sacrifice forcé ou un moment de crise intérieure. Suspendu tête en bas, il offre une perspective différente, mais son expression laisse entendre une résistance ou un doute face au chemin à suivre. Cette carte pourrait donc être interprétée comme un appel à accepter une transformation douloureuse pour atteindre un nouvel équilibre.

Cette version de la carte "Mort" se distingue par une scène riche en symboles. Au sol gisent une tiare papale, une couronne royale, des livres, ainsi que des outils comme une scie, un marteau, une palette et un pinceau. Ces éléments suggèrent une mise à mort des anciens statuts, savoirs et créations, mais aussi la possibilité d'un renouveau.

L'inclusion d'outils artistiques et intellectuels peut être interprétée comme un message sur l'importance de transformer et de réinventer nos capacités humaines après une fin inévitable.

Cette représentation du Diable est particulièrement dynamique. Il se tient dans les flammes, entouré de créatures qui semblent le défier ou chercher à l'entraver. Deux serpents, l'un bleu et l'autre vert, s'enroulent autour de lui, tandis qu'un grand lézard est piétiné sous ses pieds. De plus, un diablotin vert humanoïde agrippe une de ses jambes.

Le Diable porte un trident, symbole de contrôle, et arbore une barbe rousse hirsute. Sa chevelure, semblable à celle de la Méduse mythologique, semble composée de serpents. Ces détails renforcent l'image d'un être dominé par des forces chaotiques, mais également maître de ses propres tentations. Les créatures qui l'assaillent peuvent représenter des luttes intérieures ou des influences extérieures. Cela évoque la tension entre l'attrait du pouvoir et les conséquences de céder à ses propres désirs.

Dans le jeu Ancient Italian Tarot, la carte de la Tour, aussi appelée La Foudre dans les premiers siècles de l'histoire du tarot, adopte ici une interprétation visuellement frappante. Ce qui capte immédiatement l'attention, c'est la présence d'un canon au sommet de la tour, un symbole fort de défense et d'agression. Cela pourrait évoquer l'ego d'une personne prête à conquérir et à dominer, au point de combattre pour atteindre ses ambitions. La Tour semble donc porter un message d’avertissement contre les excès d’orgueil et les comportements destructeurs.

Plus bas, la scène est chaotique : un homme est pris au piège dans la tour qui s’effondre, tandis qu’un autre est en train de chuter. Au sol, un troisième individu est inerte, écrasé par des débris (poutre ou pierre taillée). Ces détails accentuent l’idée de conséquences inévitables lorsque les bases sont instables.

Un blason est visible au pied de la tour. Il semble représenter un animal, peut-être un taureau, symbole de force et d’obstination. Ce détail pourrait enrichir l’interprétation, en insistant sur la lutte entre ambition et réalité.

Cette carte se distingue par son ambiance apaisante et mystérieuse. Un détail intrigant est la présence d’un hibou dans l’arbre, un symbole classique de sagesse et d’intuition. L'étoile, au centre de l'image, semble filante, évoquant un moment fugace de chance ou d’inspiration.

Le personnage principal est une jeune femme rousse, enveloppée d’un tissu rouge qui ceint ses hanches. Cette couleur rouge pourrait être interprétée comme une allusion au cycle menstruel, renforçant une connexion à la féminité et aux cycles naturels. L'eau qu'elle verse à ses pieds, associée aux étoiles au-dessus d’elle, crée une harmonie entre le terrestre et le céleste.

Particularité notable : elle fixe directement le lecteur, créant une relation intime avec celui qui observe. Cela pourrait symboliser la confiance ou un appel à se reconnecter avec son intuition.

Ici, l’imagerie est riche et singulière. Au centre, un homard rouge repose dans une assiette, entouré par deux chiens clairement identifiables, et non des loups comme dans certaines versions du tarot. Ce choix visuel pourrait souligner un aspect domestiqué ou fidèle de l’instinct.

Deux tours se dressent en arrière-plan, avec une ouverture menant à la mer et deux bateaux en mouvement. Ce détail pourrait symboliser un voyage émotionnel ou spirituel, avec un passage entre deux mondes (la terre et l’eau, le conscient et l’inconscient).

Le ciel est couvert, mais un disque lunaire éclaire la scène. La pleine lune, presque voilée, incarne l’illusion, les secrets et les cycles naturels. Le contraste entre la lumière et les ombres intensifie le mystère de cette carte.

Contrairement à la version classique avec deux enfants, ici, c’est un couple d’adultes – un homme et une femme – qui dansent sous le soleil. Leur danse en rond pourrait représenter une célébration de la vie, de l’amour ou de la prospérité. Le mur en arrière-plan, richement décoré, renforce l’idée d’un lieu de confort et d’abondance.

Le couple est entouré de végétation luxuriante et de fleurs, accentuant une atmosphère de joie et de fertilité. Le soleil, dominant la scène, perce les nuages de ses rayons, symbolisant la clarté, la vérité et la réussite.

Détail intriguant : l’homme semble avoir des cheveux roux, tandis que la femme pourrait être brune. Cela pourrait rappeler l’idée d’un équilibre entre différentes énergies (feu et terre, action et intuition).

Dans cette version de l'Ancient Italian Tarot, l'ange souffle dans une trompette, mais contrairement au tarot de Marseille, cette trompette ne porte pas de bannière. Cela peut symboliser une absence de message explicite ou une communication plus universelle, sans appartenance précise.

En bas de la carte, on ne voit pas seulement trois personnages comme dans le tarot de Marseille, mais une véritable multitude d’individus, au moins une dizaine, qui semblent réagir différemment à l'appel de l'ange. Ces personnages présentent une gamme d'émotions très variées : un homme lève les bras au ciel, une femme prie, un autre se tient le visage avec désespoir, et un vieil homme semble rester impassible. Cette diversité peut représenter la pluralité des réactions humaines face au jugement ou au changement : la peur, la résignation, l'acceptation, ou encore la foi.

Un homme, au premier plan, semble sortir d’un sarcophage ou d’une stèle ouverte. Il protège son visage avec un bras, comme pour se prémunir du châtiment ou de l’énergie envoyée par l'ange. Cela pourrait symboliser une résistance au renouveau ou une peur face à une révélation divine.

L’ange est particulièrement marquant dans cette carte : il a les cheveux rouges et porte une tunique rouge. Cette couleur intense peut évoquer le feu, la passion ou même le sang, renforçant une ambiance de tension et de transformation majeure. On peut imaginer ici une évocation d’un cataclysme où le sang serait une métaphore des sacrifices nécessaires pour renaître.

Dans cette carte, on remarque que, à gauche, le taureau remplace le cheval, ce qui est cohérent avec le tarot de Marseille de type 1, où le taureau est généralement représenté. La jeune femme, au centre du mandorle, est entourée d’éléments symboliques particulièrement intrigants.

Elle porte des bracelets dorés, un voile bleu dans son dos et un autre voile rose couvrant son intimité. Le bleu et le rose (rouge) peuvent évoquer un équilibre entre le spirituel et le matériel, une opposition qui est souvent présente dans les cartes du Monde. Le mandorle végétal, traditionnellement intact, est ici partiellement calciné. Un quart de ce mandorle est brûlé, précisément du côté où se trouve l’aigle, qui est également calciné. Cette représentation pourrait symboliser une transition ou un sacrifice partiel dans l’atteinte de l’accomplissement. Cela donne une lecture intéressante : la perfection (le cercle du mandorle) peut nécessiter une destruction pour se reconstruire.

Enfin, l’ange à gauche de l’aigle ne joint pas les mains pour prier, ce qui diffère des interprétations traditionnelles. Cela peut suggérer une absence de médiation divine ou une participation plus passive dans l’accomplissement de la quête humaine.

Dans l'Ancient Italian Tarot, la carte du Mat est numérotée 0. Sur son dos figure la lettre "M", probablement une référence à son nom italien, "Il Matto". Contrairement au tarot de Marseille, il ne porte pas un costume de bouffon, mais un habit plus simple, presque voyageur. Cela pourrait indiquer une approche plus pragmatique du voyage initiatique.

Le Mat porte un baluchon et un bâton de marche, comme dans d’autres versions classiques. On note qu’il a perdu une chaussure, marchant avec un pied chaussé et l’autre nu. Ce détail symbolique pourrait représenter un déséquilibre ou un détachement partiel des contraintes matérielles. L’herbe au sol renforce l’idée de lien à la terre, et son regard tourné vers le lecteur semble l’inviter à réfléchir à sa propre quête.

Le chien, derrière lui, a une posture particulière. Plutôt que de le mordre ou de le suivre comme dans d'autres versions, il semble tourner autour du Mat, presque en jouant. Ce comportement pourrait symboliser un compagnon non menaçant, comme un guide qui invite à explorer son environnement avec curiosité plutôt qu'avec peur.

L'Ancient Italian Tarot de Lo Scarabeo présente des différences significatives dans les cartes de cour par rapport au tarot de Marseille. Ces distinctions enrichissent l'interprétation et apportent un regard nouveau sur ces figures emblématiques. Voici les points notables :

Différences dans les symboles et postures

• La Reine de Coupe : Contrairement à la version du tarot de Marseille, elle ne porte pas de gerbe végétale au-dessus de sa tête, ce qui peut modifier l’interprétation traditionnelle liée à la fertilité et à l'abondance. L'absence de symboles comme la gerbe végétale (Reine de Coupe) ou la couronne de laurier (Reine de Bâton) pourrait être vue comme une volonté de désacraliser ou d'humaniser ces figures. Cela les ancre davantage dans la réalité historique et émotionnelle.
• Le Valet de Denier : Dans ce jeu, il ne porte pas un double denier (un qu'il tiendrait devant lui et un autre posé au sol). En revanche, le Roi de Denier arbore effectivement deux deniers, un positionné entre son genou et sa main, et un autre placé à sa droite. Cette double présence de deniers pourrait symboliser une maîtrise accrue des ressources matérielles ou un surplus d’abondance.
• La Reine de Bâton : Elle ne porte pas la traditionnelle couronne de laurier, ce qui pourrait atténuer les aspects de triomphe ou de reconnaissance associés à cette carte.
• La Reine d’Épée : Sa posture diffère également : elle pose sa main sur sa poitrine plutôt que sur son ventre, et ne semble pas enceinte, contrairement à certaines interprétations du tarot de Marseille. Cela peut souligner une représentation moins maternelle et davantage tournée vers l'intellect ou le pouvoir émotionnel. La Reine d’Épée, avec sa main sur la poitrine, semble inviter à une interprétation plus émotionnelle ou introspective que la version classique. Cette carte pourrait alors représenter la sincérité ou la réflexion personnelle.

Richesse picturale et créativité vestimentaire

Un des aspects les plus marquants des cartes de cour de ce jeu est la richesse et la diversité des tenues. Les vêtements sont ornés, très travaillés, et reflètent une certaine opulence. Chaque personnage semble se distinguer non seulement par sa position symbolique, mais aussi par son apparence unique.

Les couvre-chefs, en particulier, attirent l'attention : chapeaux et parures varient considérablement d'une figure à l'autre, dénotant une grande créativité. Ces détails vestimentaires ajoutent une dimension historique à ces cartes, suggérant une inspiration tirée de la mode ou des traditions italiennes de l'époque.

L’opulence des vêtements et accessoires des cartes de cour pourrait être interprétée comme un accent mis sur les aspects matériels et sociaux des figures de pouvoir. Cela pourrait renforcer l’idée de hiérarchie et de richesse associée aux cours royales italiennes.

Ces modifications permettent de repenser les symboles traditionnels des cartes de cour. Par exemple, en comparaison avec le Rider-Waite, où l'accent est mis sur les émotions et les actions des figures, l'Ancient Italian Tarot semble privilégier un registre visuel et historique, ancrant les cartes dans un contexte plus concret.

En somme, les cartes de cour de ce jeu se distinguent par une iconographie riche et une symbolique subtilement différente, invitant à des interprétations variées. Ces modifications offrent une perspective nouvelle pour les lecteurs curieux d'explorer les nuances et les origines historiques des tarots anciens.