Review Tarot CBD de Yoav Ben Dov

Le tarot CBD de Yoav Ben-Dov est livré dans une boîte en carton classique, comme la plupart des tarots de Marseille. Ce choix de présentation diffère des tarots de type Rider-Waite-Smith, dont l'emballage est souvent plus élaboré. En effet, les jeux Rider-Waite-Smith sont souvent fournis avec une boîte robuste et un livret détaillé offrant des explications approfondies sur les cartes et leur symbolisme.

À l’inverse, les tarots de Marseille, dont le tarot CBD, sont généralement présentés dans un coffret plus simple. Ils incluent typiquement une petite boîte avec, au mieux, un feuillet contenant quelques informations sommaires. Dans le cas du tarot CBD, cette sobriété est respectée, bien qu’on y trouve quelques éléments supplémentaires.

Outre les 78 cartes classiques, le tarot CBD comprend une carte de présentation spécifique au jeu et une carte blanche. Selon Yoav Ben-Dov, cette carte blanche peut être utilisée de plusieurs façons : elle peut servir de support de concentration, être ajoutée au jeu pour une carte supplémentaire, ou encore remplacer une carte égarée.

Les cartes elles-mêmes sont brillantes, plutôt fines et souples, ce qui facilite leur manipulation. Elles glissent bien dans la main, bien que certains utilisateurs puissent souhaiter qu'elles soient encore plus glissantes. Cette adhérence légère est due au fait que les cartes sont légèrement plastifiées, ce qui peut provoquer une certaine friction entre elles.

Yoav Ben-Dov était un auteur, chercheur et tarologue israélien qui a apporté une contribution significative au domaine du tarot, en particulier au Tarot de Marseille. Sa première rencontre avec le tarot remonte à 1979, lorsqu'un ami lui a montré le livre de Mouni Sadhu. Fasciné par les images mystérieuses, Ben-Dov a commencé à explorer le tarot parallèlement à ses études de physique. En 1981, il a écrit le premier livre sur le tarot en hébreu, introduisant ainsi le système Rider-Waite-Smith en Israël.

Influence d'Alejandro Jodorowsky

Au milieu des années 1980, Ben-Dov s'est rendu à Paris pour son doctorat. Pendant cette période, il a étudié pendant trois ans avec Alejandro Jodorowsky, qui l'a initié à la profondeur du Tarot de Marseille. Cette expérience a fortement influencé sa compréhension du tarot, l'aidant à intégrer spiritualité, expérience artistique, psychologie et magie

Contributions au tarot

Ben-Dov a développé sa propre approche, qu'il a appelée "lecture ouverte du tarot", combinant ses connaissances scientifiques et mystiques. Il a créé le tarot CBD (Conver Ben-Dov), une restauration du Tarot de Marseille basée sur le jeu de Nicolas Conver de 1760, qui est devenu populaire parmi les praticiens du tarot.

Enseignement et écriture

Ben-Dov a consacré une grande partie de sa vie à l'enseignement du tarot. Il a écrit plusieurs livres sur le sujet, dont "Le Tarot de Marseille révélé", un guide complet du symbolisme et des méthodes du Tarot de Marseille. En plus de ses travaux sur le tarot, Ben-Dov a également écrit sur la physique, notamment "Invitation à la physique", démontrant sa capacité à naviguer entre les mondes scientifique et ésotérique.

Le livret du tarot CBD de Yoav Ben-Dov se distingue par des textes concis mais complets. L’auteur prend le temps d’expliquer ses méthodes personnelles pour mélanger et tirer les cartes, ce qui apporte une touche authentique et intime au guide. Il propose aussi une définition des quatre éléments, que je trouve bien construite et en accord avec les concepts classiques auxquels j'adhère.

L’interprétation des cartes de cour est abordée de manière assez conventionnelle, et les explications des arcanes majeurs restent également dans la lignée des interprétations habituelles. Cependant, il est à noter que Yoav Ben-Dov adopte une approche plutôt terre-à-terre, et certains lecteurs pourraient regretter un manque de profondeur dans sa compréhension de la symbolique du "voyage du Fou" au sein du tarot. Par exemple, l'auteur n’établit pas de progression narrative entre les cartes majeures pour illustrer la trajectoire du Fou.

Quant aux cartes numérales, je suis plutôt en désaccord avec la vision de Ben-Dov. Ses interprétations semblent largement inspirées du système Rider-Waite-Smith (RWS), mais il s’écarte aussi de ce standard pour certaines cartes, créant un mélange qui peut sembler déroutant. En effet, ses numérales ne suivent ni une interprétation numérologique stricte ni les significations établies par le Rider-Waite-Smith. Cela donne une interprétation hybride, unique en son genre, mais qui pourrait manquer de cohérence pour les puristes du tarot de Marseille.

Il est clair que Ben-Dov s’est approprié le tarot de Marseille en y intégrant des éléments personnels, et naturellement il a raison ! Mais j’aurais apprécié qu’il s’éloigne davantage du RWS pour offrir une approche purement centrée sur sa compréhension personnelle des numérales abstraites du tarot de Marseille.

Une méthode de tirage à essayer

Enfin, le livret se termine par une méthode de tirage intéressante, et plutôt inhabituelle (me semble-t-il). Il propose un tirage en trois positions avec une dynamique particulière : on tire des cartes pour chaque emplacement et, tant qu'on n’obtient pas d'arcane majeure, on continue à empiler les cartes. Dès qu’une carte majeure apparaît, on passe à l’emplacement suivant, et ainsi de suite, jusqu’à obtenir une carte majeure sur chacun des trois emplacements. L’interprétation finale prend en compte les trois arcanes majeures obtenues, mais également toutes les cartes empilées sur chaque position. Ce système crée une lecture riche et détaillée, offrant un aperçu nuancé des influences majeures et mineures en jeu. Cette approche donne une dimension exploratoire au tirage, qui pourrait plaire aux lecteurs recherchant une interprétation plus complexe et stratifiée de leur tirage. J'ai été totalement convaincu par cette approche.

Ce tarot CBD s'inscrit dans la lignée des tarots de Marseille de type II, basés sur le tarot Nicolas Conver de 1760. On y retrouve en effet des similitudes fortes, notamment dans la palette de couleurs, qui reprend largement celle du jeu d'origine.

Les cartes numérales et les cartes de cour

Les cartes numérales ainsi que les cartes de cour suivent de manière très fidèle le style du tarot Conver de 1760, ce qui contribue à ancrer le jeu dans la tradition. Il n’est donc pas nécessaire de s’attarder sur ces cartes, car elles respectent les canons graphiques du tarot de Marseille traditionnel.

Passons maintenant aux particularités de certaines cartes de l'Arcane Majeur.

Sur la carte du Bateleur, le personnage tient en main un gland et non pas une pièce de monnaie, comme c’est le cas dans les versions type II du tarot de Marseille. Ce choix symbolique peut susciter diverses interprétations, laissant une certaine latitude au lecteur pour y projeter un sens personnel.

Sur le blason du Chariot, on retrouve les lettres V et T, au lieu des initiales que l’on pourrait attendre, comme Y, B, ou D pour Yoav Ben-Dov. Bien que la signification exacte de ces lettres reste incertaine, il est probable que l’auteur explique ce choix dans son livre – que, pour l’instant, je n’ai pas consulté. Ce détail renforce cependant le mystère autour de cette carte et invite les utilisateurs à réfléchir au rôle des symboles.

La balance de la Justice est ici représentée légèrement penchée, comme dans les tarots de Marseille de type I (Noblet, Dodal), où le personnage semble appuyer sur un des plateaux. Ce choix stylistique pourrait évoquer un arbitrage partial, motivé par des intérêts personnels, ce qui contraste avec l’image plus statique d’une balance parfaitement équilibrée.

L’Ermite présente une particularité notable : on dirait qu’il a une bosse ou une cicatrice sur le front. Ce détail inhabituel interpelle et peut être interprété comme un signe d’expérience ou de sagesse accumulée, renforçant l’image d’un personnage qui a traversé des épreuves pour atteindre la connaissance.

Sur cette carte, la figure de la Force semble avoir six doigts de pied. D’après les propres mots de Yoav Ben-Dov, ce n’est pas une invention de sa part mais une reprise de certains tarots historiques de Marseille, où ce détail étrange apparaît également. Cependant, il est possible de se demander si cela relève d’une erreur de gravure historique ou si ce détail a une signification ésotérique de la part des graveurs de la Renaissance. Pour ma part, je tends à penser qu’il s’agit d’une particularité graphique (une erreur de gravure) n'appelant pas à une interprétation particulière.

Sur la carte du Jugement, on observe l’ange soufflant dans une trompette. Ce qui est curieux ici, c’est que l’embout de la trompette est dessiné de manière ambiguë, donnant l’impression que l’ange tire la langue. Ce détail peut sembler déroutant, mais il ajoute une touche de fantaisie et d’originalité à l’image ^_^