Review L’Oracle Gé de Gérard Barbier

Le jeu est livré dans une boite de carton solide. Les cartes sont plastifiées et brillantes mais d'une épaisseur assez fine. Un livre assez large pour une très bonne prise en main accompagne les cartes à l'intérieur de la boîte.

Créé en 1991, le jeu est composé de 61 cartes avec des illustrations exécutées au crayon de bois lui procurant un aspect "enfantin" ou "old-fashion". L'oracle contient 4 cartes de saison ( 3 - Le printemps, 24 - L'été, 41 - L'hiver, 55 - L'automne) qui permettent de préciser facilement dans le temps le moment de la prédiction. Il existe aussi 8 cartes de personnages : 45 - La jeune fille, 46 - Le jeune homme, 47 - La femme, 48 - L'homme, 49 - La consultante, 50 - Le consultant, 51 - La femme âgée, 52 - L'homme âgé. Les cartes de personnages évoquent les personnes dans l'entourage du (de la) consultant(e) ou encore indiquent des rencontres. La plupart des cartes n'ont qu'un sens de lecture (endroit/envers) mais curieusement certaines cartes ont quand même des significations différentes quand elles sont lues à l'endroit ou à l'envers.

Cette carte est l'une des rares cartes qui proposent au moins deux symboles dans l'illustration permettant d'en densifier le sens. L'illustration comportant une chenille et un papillon, nous parle bien évidemment de transformation. Il est presque dommage qu'une chrysalide ne soit pas aussi dessinée, car elle aurait permis de rappeler que la transformation nécessite souvent un cheminement avec des étapes différentes, par exemple le temps très actif de croissance de la chenille suivi d'un temps plutôt passif (au moins en apparence) de transformation intérieure dans la chrysalide.

Les outils symbolisent le travail, la compétence, le domaine professionnel. Dans un aspect plus large, cette carte peut aussi représenter la construction de son foyer, le développement d'un projet. Sur des sujets spirituels, la carte parle d'une approche pragmatique et réaliste de la situation.

Cette lame permet d'étayer mon propos qu'une illustration divinatoire doit comporter plusieurs éléments afin d'enrichir la signification. Cette carte porte le nom "le désert" et on y voit un sol ou une dune de sable. La lame évoque naturellement la stérilité, mais on peut aussi y voir un sens plus positif comme le dépouillement, la sobriété, l'appel du vide propre à une recherche spirituelle. Ne parle-t-on pas de sages ou d'ermites qui se sont réfugiés dans le désert ? Notez qu'il est dommage que cette proposition de signification n'apparaîsse pas dans le livre.

L'auteur a donc ajouté un deuxième élément dans l'illustration complétant l’interprétation du désert. Les failles et craquelures dans le sol évoquent les valeurs et les certitudes aussi solides que le roc qui finissent par se fissurer. Cette carte parle donc aussi d'une mise à l'épreuve de notre égo et de nos croyances.

Cette carte parle de solitude morale ou physique selon l'auteur. J'en suis presque étonné. Pour ma part, le terme "partagé" me ferait penser que nous avons en nous des paradoxes, des désirs qui peuvent être contradictoires et qu'il faut concilier d'une manière ou d'une autre. Cette carte me fait beaucoup penser à l'Arcane Majeur "6 - L'amoureux" du tarot, qui présente néanmoins une richesse de symboles que ne possède pas cette carte numéro 36.

L'auteur écrit de manière surprenante à propos de cette carte : "Cette carte seule ne signifie pas grand chose". Pourquoi créer une carte qui de base ne veut rien dire et nécessitant d’être associée avec d'autres cartes pour prendre un quelconque sens ? Cela me semble contre-productif pour un oracle divinatoire où selon moi chaque carte doit d’avoir un sens premier. Cette carte associée à une autre, parle donc d'imprévu, de ce que l'on attendait pas ou plus. Là encore, je ne comprends pas la relation avec les chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 7 figurant sur l'illustration. Le chiffre 6 manquant parle-t-il donc d'imprévu ? J'aurais plutôt convenu d'une signification portant sur le hasard, la chance, ce qui n'est pas tout à fait le même thème que l'imprévu ou la bonne ou mauvaise fortune.

Cette carte est très curieuse pour moi. D'abord elle annonce obligatoirement un problème sur la route. Je trouve que c'est vouloir enfoncer une porte ouverte. Si nous ressentons la nécessité et que nous prenons le temps de réaliser une pratique divinatoire, c'est que nous sommes sommes en plein doute. Nous avons besoin de réponses face à des questions survenant d’une situation inconfortable ou problématique. Aussi, je ne vois guère l'intérêt de créer une carte signifiant qu'il y a un problème sur le chemin, alors que le consultant le sait déjà, c’est pour cela qu’il tire les cartes !

Là aussi, cette carte est une approche curieuse du créateur. En effet, cette lame est neutre, et ne sert qu'à renforcer les prédictions bonnes ou mauvaises des cartes voisines. Moi qui pratique le tarot psychologique, j'aurais tendance à objecter que le destin du consultant reste entre ses mains, et qu'il est malvenu qu'une carte n'ait que pour objectif de confirmer une prédiction, comme si le jeu indiquait que l'événement prédit allait forcément advenir, peu importe les paroles et actions du consultant. Cette carte dénote l'obsolescence d'un jeu créé il y a presque 30 ans où la pratique divinatoire de l'époque était encore très focalisée sur la voyance et la prédiction.

L'illustration porte deux symboles ce qui normalement doit étendre le sens de la carte. Mais ici, je ne suis pas sûr de la pertinence de leur association. En effet, selon l'auteur, la harpe évoque le domaine artistique au sens très large, pas seulement la musique. Cependant la présence du masque de bal costumé me rend perplexe. Certes cet accessoire est arboré pendant des bals et peut avoir sa place à côté d'une harpe. Mais le masque évoque le mystère, les intrigues, la séduction, peut-être même les frasques, les orgies, les excès ... Quel rapport avec le sens initial de la harpe ?

De plus l'auteur écrit : "il est possible que vous ayez recours à la musicothérapie ou que vous vous impliquiez dans l'écriture automatique". Si j'entends que l'on puisse parler de musicothérapie, cependant comment une harpe et un masque peut amener à parler d'écriture automatique ? L'auteur ajoute "En ce dernier domaine, toutefois, sachez demeurer vigilant afin de ne pas faire venir à vous des entités bas-astral". Est-ce que ce livre est vraiment le meilleur endroit pour parler de spiritisme ? Faut-il inquiéter le lecteur avec des considérations ésotériques qui n'ont rien à voir avec la consultation d'un oracle ?