Emballage
Nom : | Trzes' Mamluk deck |
Auteur : | Ulrich (Trzes) Kaltenborn |
Editeur : | Spiorad Webshop (auto-edition) |
Tradition : | Oracle |
Emballage : | Boîte en carton rigide / 32.2 x 7.8 x 3.4 cm |
Jeu : | 61 cartes / plastifiées, satinées / 19 cm x 7.2 cm |
Taille : | très grande |
Manuel : | Livret de 8 pages en N&B + feuille récapitulative A3 |
Endroit/Envers : | Oui, le dos des cartes est réversible |
Inversion 8/11 : | Non |
Univers : | Médiéval / Renaissance |
Utilisation : | Contemplatif |
Les cartes sont contenues dans une boîte cloche au carton épais. Un petit livret de 8 pages et une feuille récapitulative au format A3 se trouvent aussi à l'intérieur de la boîte.
Les cartes sont imprimées sur un carton d'épaisseur standard. Elles sont très grandes, il est très difficile de les brasser horizontalement comme verticalement. On ne peut les mélanger correctement qu'à plat sur une table.
Le jeu est lié au sultanat mamelouk d'Égypte qui s'est terminé en 1517, d'où son nom. En 1931, Leo Mayer a découvert au musée Topkapi d'Istanbul, un jeu presque complet de ces cartes à jouer médiévales.
Cette découverte est d'importance car elle amène une preuve solide que les cartes à jouer européennes sont originaires du monde islamique. En effet, l'histoire des cartes en Europe occidentale est liée à l'invasion de l'Afrique du Nord, de l'Espagne et de la Sicile par les armées islamiques. Le royaume nasride de Grenade en Andalousie (XIIIe - XVe siècle) a été le dernier gouvernement musulman de la péninsule ibérique. L'Espagne et l'Italie avaient des contacts avec le monde arabe, avec des interactions culturelles et commerciales parfois même des conflits militaires. Le jeu de cartes s'est développé en Europe occidentale vers 1375 (première trace écrite de son existence en Italie). Puis il a été critiqué voir interdit par les autorités religieuses, ce qui démontre sa popularité rapide.
Les cartes retrouvées par Mayer proviennent d'un paquet mamelouk du XVe ou du début du XVIe siècle. Les cartes ont été dessinées et peintes à la main, appartenant probablement à un riche ou illustre propriétaire. Selon les spécialistes, le jeu de Topkapi a été reconstitué à l'époque par l'assemblage de plusieurs jeux. En effet il est presque complet avec 48 cartes, mais cinq cartes, provenant de deux autres jeux, auraient remplacées des cartes usées ou perdues. Les spécialistes ne sont aussi pas d'accord sur la présence de 3 ou 4 cartes de cour dans le jeu (à cause de panneaux bleus servant d'entête à certaines cartes). Par contre, il est évident que le jeu est composé de quatre couleurs et les cartes sont numérotées de l'As au 10. A cela s'ajoutent trois ou quatre cartes de cour dans chaque série, selon les avis. Les quatre enseignes sont les Pièces, les Cimeterres, les Bâtons de Polo et les Myriades (les Coupes).
Pour en savoir plus, l'article en Anglais de tarot-heritage parle plus en détail de la contreverse sur les cartes de cour.
Les cartes proviendraient d'une invention chinoise de petites bandes de bambou que les joueurs tenaient en mains. Cette invention se serait diffusée jusqu'au moyen-orient, empruntant la route de la soie à travers l'Inde puis la Perse et enfin le monde arabe. Au cours de la diffusion et de l’évolution du jeu, le bambou aurait été remplacé par du papyrus et du papier. Les cartes existaient en de nombreux formats : ronds, carrés ou rectangulaires. Le nombre d'enseignes pouvait varier d'un jeu à l'autre. Au début XIVe siècle, le jeu de cartes devait avoir atteint le sultanat mamelouk en Égypte. Il avait pris alors la forme du jeu retrouvé en 1931 par Mayer, daté de la fin du sultanat XVe ou du début du XVIe siècle.
Les commerçants et les marins arabes ont pu introduire leurs jeux mamelouk dans les ports d'Italie et d'Espagne vers 1370. En moins de 10 ans, les cartes se sont diffusées dans toute l'Europe. Jusqu'au XVe siècle, les cartes étaient connues sous le nom de "Naibi". On peut associer leur origine aux cartes sarrasines, car l'une des cartes de cour du jeu mamelouk, le gouverneur, se nomme "Naib".
Avec son design orné et ses dorures, le jeu mamelouk peut être comparé avec les cartes peintes à la main et ornées d'or qui étaient fabriquées pour l'aristocratie italienne au milieu du XVe siècle. On peut admettre que les cartes mamelouk ont nettement influencées les enseignes, la structure, le graphisme des cartes italiennes.
Nous connaissons la structure des premiers jeux de cartes européens uniquement par des sources écrites. Le carton étant une matière très fragile et périssable, il ne reste pratiquement aucune carte des premiers jeux européens. Cependant l'historien Simon Wintle a enquêté sur des feuilles de cartes non découpées du XVe siècle, utilisées pour raidir les couvertures d'un livre. La découverte a été faite quand les conservateurs des musées de Barcelone ont voulu restaurer ce livre. Ces feuilles peuvent expliquer comment les cartes mamelouk ont vu leur design modifié pour s'adapter au goût des européens. Ainsi les cimeterres sont devenus des épées droites. Les bâtons de polo, inconnus en Europe, se sont transformés en gourdins ou matraques. Alors que les deniers et les coupes sont restées relativement semblables.
Des textes calligraphiés, présents sur les cartes de cour, consistent en des aphorismes rimés souvent oniriques et parfois étranges :
Le jeu mamelouk avait déjà fait l'objet d'une reconstitution sous la forme d'un Fac-simile de Jan Bauwens, publié par Aurelia Books en 1972. Cette édition ainsi que celle de 1977 sont épuisés depuis longtemps et les exemplaires sont très difficiles à trouver. Ce fac-simile comprend des recréations des cartes manquantes, dessinées à la main.
Fin 2013, Ulrich Kaltenborn se lance dans la reconstitution complète du jeu. Sa volonté était de préserver l'esprit du jeu de Topkapi en suivant ses principes et son design, mais de ne pas tout redessiner exactement comme sur les cartes originales. Son choix est d'autant plus honnête que 15 des 56 cartes sont manquantes dans le jeu original, et qu'il fallait donc les reconstruire depuis zéro.
Le créateur aura mis 5 ans à reproduire tout le jeu. Le projet était d'ampleur et quand nous regardons la qualité de sa production, nous pouvons comprendre le temps qu'il a fallu pour le mener à bien. Ulrich a utilisé un programme de graphisme vectoriel pour recréer l'ensemble du jeu de cartes afin de s'assurer de la parfaite symétrie des motifs et de leur parfaite ressemblance.
Le livret de 8 pages en Anglais contient un bref historique des cartes à jouer, schéma et photos à l'appui. L'auteur décrit ensuite la structure du jeu mamelouk et des principes qui ont présider à sa reconstitution. Je salue l'initiative de l'auteur qui a ajouté dans la boîte une feuille A3 récapitulant le graphisme des 61 cartes avec leur motif principal. Cette feuille permet de mieux s'y retrouver dans le jeu et de reconnaître rapidement l'enseigne et la valeur de chaque carte.
Oui, pratiquer la divination avec le jeu de Trzes est possible car le jeu représente un Arcane Mineur au complet avec 56 cartes (+ 5 cartes bonus). Certes, on peut me répondre que l'on ne tire pas les cartes sans l'Arcane Majeur. Mais il faut bien dire que bon nombre de français utilisant le Tarot de Marseille n'utilisent que les 22 atouts. On peut aussi en sourire, cependant d'après eux, ils s'en sortent plutôt bien. Alors pourquoi ne faire de la divination avec les 61 cartes du jeu mamelouk ?
Bien sûr, il est hors de question que j'utilise ce jeu pour mes consultations publiques ou officielles. A domicile, pour mes propres tirages sur moi, il peut m'arriver d'utiliser ce jeu en complément de mon Tarot de Marseille personnel. En effet, j'adore plonger des minutes entières dans la contemplation des images. La méditation avec ce jeu arrête toute recherche cérébrale. On évite de penser aux symboles, aux archétypes, à la logique et à la psychologique, bref tout ce qui est lié à l'intellect. On s'abandonne au jeu afin de laisser libre court à notre imagination. A force, les motifs prennent forme et sens. Contempler le jeu mamlouk procure la même expérience que de contempler les nuages et y voir toute sorte de visages et de créatures imaginaires.
Dans l'apprentissage de la lecture divinatoire du tarot. Il est nécessaire d'appréhender la force de nos projections mentales et de nos préjugés face au consultant. Un jeu comme celui de Trzes nous permet face à un jeu neutre, non symbolique, purement et simplement graphique, de comprendre où s'arrête la lecture intellectuelle, où commence la lecture imaginative, et surtout où et quand émerge l'intuition. L'exercice n'est pas simple, mais c'est en forgeant que l'on devient forgeron.
Ce jeu est un coup de coeur. Mon achat a été motivé par le fait que ce jeu a inspiré l'ensemble des cartes à jouer européennes. Si le Tarot de Marseille est "le père" des tarots divinatoires, ce jeu est "le père" des jeux de cartes à jouer. Il est donc normal d'en avoir un exemplaire quand on étudie sérieusement l'histoire des jeux de cartes.
Le graphisme unique et magique de ce jeu m'a aussi frappé au premier regard. Collectionneur de jeux que je suis, je n'ai pas hésité à m'en procurer un exemplaire.
Au delà de l'intérêt historique indéniable du jeu, de sa beauté graphique certaine, il faut admettre que ce jeu n'est pas adapté à la pratique divinatoire, qu'elle soit prédictive ou psychologique. Les cartes sont très grandes et même trop grandes. Le jeu mamelouk correspond tout de même à un Arcane Mineur complet (56 cartes). C'est déjà très bien, mais beaucoup regretteront l'absence d'un Arcane Majeur (22 triomphes). Pour ma part, je fais usage de ce jeu en divination, comme un exercice de développement de l'intuition et de voyance, et sur des tirages basés seulement sur l'Arcane Mineur. Cette pratique n'a peut-être de l'intérêt que pour des étudiants confirmés.
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