Emballage
Nom : | Tarot Mucha |
Auteur : | Alligo, Massaglia, Nosenzo, Starrantino |
Editeur : | Lo scarabeo |
Tradition : | Tarot Rider-Waite-Smith |
Emballage : | Boîte cloche rigide / 12.5 x 8.1 x 5 cm |
Jeu : | 78 cartes / Plastifiées, brillantes / 12 cm x 7 cm |
Taille : | grande |
Manuel : | Livret de 128 pages en couleur |
Endroit/Envers : | Non, le dos des cartes n'est pas réversible |
Inversion 8/11 : | Oui |
Univers : | Artistique / Littéraire / Abstrait-Moderne |
Utilisation : | Prédiction , Développement personnel |
Le jeu n'est pas livré dans un coffret, il est contenu dans une boîte cloche au carton très épais. Un petit livret se glisse à l'intérieur de la boîte.
Les cartes sont d'une épaisseur normale pour un produit "mass-market". Avec 12 centimètres de hauteur, les cartes sont plutôt grandes, il peut être difficile pour une personne avec de petites mains de brasser le jeu à l'horizontal, dans pareil cas, le brassage des cartes à la verticale s'imposera.
Nous savons peu de choses sur les auteurs et illustrateurs, si ce n'est que l'un d'entre eux, Pietro Alligo a fondé la société Lo Scarabeo en 1987. Et les autres illustrateurs ont participé à la création d'autres tarots chez le même éditeur.
Il y a peu à dire sur le livret, car il est assez court. D'abord sa taille et sa police sont assez petites ce qui ne le rend ni aisé à tenir dans les mains, ni aisé à le lire. Ceci dit, son format le rend facilement transportable.
Le jeu se veut multi-langue, c'est à dire la même boite est vendu dans le monde entier. Dans le livret, nous avons donc une partie en langue anglaise qui prend 70 pages. Malheureusement la traduction des autres langues (le français, l'espagnol, l'allemand et le russe) ne bénéficient que 10 pages chacune. Autant dire que le livret s'adresse avant tout à des anglophones. Le lecteur français débutant le tarot et non anglophone pourra se sentir lésé ou vraiment handicapé par seulement 10 pages d'explication. Ces pages ne font que lister quelques mots clés pour chacune des 78 cartes. C'est insuffisant pour un débutant.
La partie anglaise consacre une page pour chaque lame de l'Arcane majeur et une demie page pour chaque carte de l'Arcane mineur. Les explications fournies sont donc courtes et vont droit au but. Ces textes ne constituent en rien un apprentissage du tarot, ils ne sont qu'un rappel des significations habituelles de la tradition Rider-Waite-Smith. L'interprétation de chaque carte se termine par une liste de mots clés. La traduction anglaise conclut par un dernier chapitre décrivant 3 tirages. En dernier lieu, je me permettrais de préciser que les textes anglais (rédigés par une anglaise ou américaine vu son nom) ne sont pas faciles à lire. Pour une publication destinée à l'international, j'aurais apprécié un anglais plus accessible.
Le premier tirage "Les 4 saisons", propose 4 emplacements :
Printemps - Qu'est-ce qui a besoin d'expression créative ? Eté - qu'est-ce qui doit être ralenti ? Automne - qu'est-ce qui est prêt à être récolté ? Hiver - qu'est-ce qui a besoin d'un abri et de soins ?
Le deuxième tirage "Les 4 fleurs" propose 4 emplacements :
L'Iris - Le message, L'oeillet - l'influence secrète, Le lily - la douceur essentiel, la rose - La vérité.
En fin le dernier tirage "Les 4 actes" définit encore 4 emplacements :
Acte 1 - Le thème de la question, Acte 2 - Qui influence la question ?, Acte 3 - Changements et développements inattendus, Acte 4 - La résolution et le résultat.
Un exemple est donné pour chaque tirage. On peut regretter que les 3 tirages ont le même format : 4 cartes alignés. Les auteurs ont manqué d'imagination, même s'ils ont évité de parler de l'habituel tirage en croix ou d'autres tirages conventionnels.
Particularité de ce jeu de tarot, aucune carte ne porte un nom. Les lames de l'Arcane majeur portent uniquement leur numéro en chiffre romain. Et les cartes de l'Arcane mineur ont leur symbole d'appartenance à l'une des 4 suites, inséré dans le pied de la carte. Et dans l'entête, apparaît soit le chiffre soit un symbole représentatif pour une carte d'honneur (exemple : une couronne pour les rois).
J'imagine que ce choix est délibéré afin de proposer un jeu multi-langue, puisque aucun texte n'apparaît sur les cartes. Si pour l'Arcane mineur, cela peut être acceptable. Pour l'Arcane majeur, les cartes privées de leur nom perdent réellement de leur signification. On peut se rassurer en se disant que de toute façon tout le monde connaît le nom des cartes. Certes à mes débuts, j'ai mémorisé rapidement l'ordre et le nom des lames de l'Arcane majeur. Mais ceci ne doit pas être une excuse pour pouvoir imprimer un jeu multi-langue. Il n'empêche donc pas moins que ce jeu n'est pas à destination d'un débutant cherchant son 1er tarot.
Les illustrateurs s'en sont donné à coeur joie en livrant des images au demeurant très belles, mais aussi très chargées. Ainsi je regrette vraiment que souvent des détails importants de l'image ne ressortent pas.
Typiquement le baluchon du MAT est noyé dans la coiffure de la jeune femme, il ne saute pas aux yeux alors qu'il devrait. Et à côté de cela, la fleur blanche se distingue plein plus nettement, alors que c'est un symbole secondaire.
Dans l'Arcane mineur, sur le 7 d'épée, le gris des toiles de tente se mélange avec le gris des montagnes en arrière plan. Du coup, la présence du camp n'est pas assez marquante.
Il est inhabituel que je commence par une carte de l'Arcane mineur dans la série "les cartes que j'aime", c'est dire que je n'ai pas trouvé mon bonheur dans l'Arcane majeur.
J'apprécie la démarche des auteurs de coller au maximum à l'iconographie du tarot Rider-Waite-Smith tout en essayant de rendre certaines lames plus compréhensibles comme le 8 de Bâtons. Les auteurs ont gardé les 8 bâtons barrant le ciel, mais ont ajouté en premier plan une jeune femme qui manifeste de la crainte. Ainsi cette carte devient plus vivante et sa lecture intuitive est facilitée.
En cherchant bien, j'ai tout de même trouvé un détail intéressant dans l'Arcane majeur.
Dans la carte LES AMOUREUX/L'AMOUREUX, il est juste que les auteurs aient rendu le serpent bien plus visible. Dans la vision de Waite, le serpent du jardin d'Eden est l'instigateur de la tentation et c'est lui propose le choix à Eve (La lame 6 est la carte du "choix à faire"). Cependant dans l'image originale, le serpent est certes présent, mais enroulé autour de l'arbre de gauche, il occupe une faible partie de l'image, alors que c'est selon moi, le symbole essentiel de l'image. Ici, dans l'image du Mucha, le serpent est vraiment visible et est placé au dessus du couple, montrant l'ascendance que le reptile a sur eux.
Sans aucun doute, il s'agit d'une des cartes se différenciant le plus de la tradition du RWS. De par la nécessité de rendre cette carte plus digeste et moins terrifiante, les auteurs ont transformé la scène. Ici, nous avons donc une femme, incarnation du diable, à la beauté inégalée qui tient dans sa main droite une femme, et un homme dans sa main gauche. J'ai pensé un premier temps que cela pouvait être une représentation de la déesse grecque Aphrodite, déesse de l'amour. Pourquoi pas ? la carte LE DIABLE parle bien de sexualité (entre autres). Le collier d'or, les cornes de bélier, peuvent être en effet des attributs de la déesse. La consultation du livret n'apprend rien à ce propos, si ce n'est qu'il est question ici de tentation. Dommage, nous n'en saurons pas plus sur cette diablesse.
La ROUE DE FORTUNE me laisse bien perplexe, on y voit une femme assise et accoudée à une auréole de fleur, à ses pied un sablier et en arrière plan un moulin à vent. J'imagine que les ailes du moulin sont un signe de rappel de la roue. Une signification essentielle de la ROUE DE FORTUNE est que la roue tourne, la chance tourne, il faut donc saisir l'opportunité. Ici le sablier nous dit que "le temps passe" mais ce concept est bien différent du celui du "temps (roue, chance) qui tourne". De plus, la posture nonchalante de la jeune femme, les ailes immobiles du moulin vont à l'encontre de l'idée de dynamisme et d'urgence véhiculée généralement par la carte. Les deux dés posés sur le sablier parlent peut-être de chance hasardeuse. Mais la ROUE DE FORTUNE parle davantage d'une chance, d'une fortune, qui vient tôt ou tard, et qui s'envolent tôt ou tard. Les dés évoque le hasard de la vie, tandis que la roue dit que chaque aspect de la vie est éphémère. Avec cette carte, j'ai rarement rencontré une vision de LA ROUE DE FORTUNE aussi éloignée de l'originale.
Nous voyons une silhouette encapuchonnée (La Mort ? ce n'est même pas sûr...) au pied d'un homme gisant à terre. Il est vrai que cette scène évoque bien la mort, son drame, sa fatalité. Mais l'image originale parle avant tout de trancher avec les liens du passé (La Mort qui fauche le sol) et donc d'une transformation qui peut se faire dans la difficulté ou dans la douleur. Dans le Mucha, nous voyons plutôt un soleil se couchant (ou se levant ?) entre deux tours posées sur l'horizon, faut-il penser à un seuil ou une porte ouverte vers le paradis ? Ce qui évoque une récompense à obtenir (renaître) pour le défunt plutôt qu'une transformation à accomplir.
Sans doute la carte la plus curieuse du jeu. La lecture du livret nous apprend que l'homme qui tente de se lever ou de rester debout fait référence au courage et à la ténacité d'affronter le jugement de l'ange. Ange qui est ici non plus un messager (rôle premier de tout ange) mais une manifestation divine et toute puissante, rendant un jugement de toute évidence implacable. Les autres hommes à terre montrent qu'au jour dernier ne resteront debout que les hommes purs et méritants. Cette carte parle davantage d'un (terrible) jugement avant de parler de ferveur et de renaissance.
Certes dans l'image Rider-Waite-Smith originale, on devine que les deux sphinx sont des femelles. Mais le RWS date de plus de cent ans, et à l'époque le rôle et la situation de la femme en occident étaient différents. Les femmes n'avaient même pas le droit de vote. Je trouve dommage aujourd'hui de reprendre cette scène, et montrer un homme dans son chariot dominant deux femmes ayant la forme de sphinx. Que doit-on penser du sort de ces femmes félines ? On peut me dire que c'est une allégorie, qu'il ne faut pas prendre cette image au pied de la lettre ? Ok, mais de quelle allégorie parle-t-on seulement ? Dans le Tarot de Marseille, il n'y a jamais eu d'équivoque, les montures ont toujours été des chevaux ...
Le tarot Mucha est un beau jeu de cartes livré dans une belle boîte, c'est certain. Les illustrations sont réussies et on peut comprendre pourquoi ce jeu est populaire. Cependant ce n'est pas suffisant pour faire de ce jeu un tarot divinatoire juste et complet.
Les images peuvent parfois être chargées en détails et en nuances pouvant compliquer une lecture divinatoire et intuitive de la carte. Mais globalement l'Arcane majeur a tellement été épuré de ses symboles, que les débutants peuvent rapidement s'exercer à tirer les cartes avec le tarot Mucha. "Il nous parle" facilement.
A parler des images aux symboles simples du Mucha, il n'y a qu'un pas pour dire que ce tarot est "simpliste" dans sa vision du monde. Je n'irais pas jusque là, mais si il peut être agréable et confortable de commencer à tirer les cartes avec un tarot comme le Mucha, je pense que le lecteur sera rapidement limité dans ses interprétations par la symbolique "dépouillé" de ce tarot.
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