Signification et interprétation de L’Amoureux / Les Amoureux

Cupidon, cette figure mythologique romaine, incarne l’amour dans sa forme la plus divine et conquérante. À travers les âges, il a été représenté de multiples façons, chacune révélant des facettes différentes de ce sentiment universel. Prenons, par exemple, l’œuvre de 1793 d’Antonio Canova, “Psyché ranimée par le baiser de l'Amour”, où l’on voit Cupidon déposer un baiser sur Psyché, symbolisant ainsi le triomphe de l’amour divin sur le mortel.

Dans cette représentation, les ailes de Cupidon ne sont pas qu’un simple ajout ; elles illustrent sa nature céleste, tandis que la nudité de Psyché évoque la vulnérabilité de l’âme humaine. Un autre tableau, “L’Aveuglement de Cupidon” par Bronzino, datant de 1545, nous montre un Cupidon les yeux bandés, une métaphore puissante de l’amour qui ne voit pas les défauts, qui aime sans jugement.

La peinture de Lorenzo Lotto, “Cupidon détachant la ceinture de Vénus” (1565), nous présente un Cupidon en train de libérer Vénus de sa ceinture, un acte symbolique du pouvoir de l’amour sur la beauté. Vénus, quant à elle, est la personnification de l’amour et de la beauté, et dans ces œuvres, Cupidon est souvent représenté sous les traits d’un enfant ou d’un jeune homme, soulignant l’innocence et la légèreté de l’amour.

Ses attributs, l’arc et la flèche, ne sont pas de simples armes mais des outils métaphoriques, illustrant la capacité de l’amour à toucher et à transformer le cœur. La présence de Psyché renforce cette idée, représentant l’âme humaine touchée par l’amour divin, tandis que Vénus renforce les thèmes de l’amour, du désir et de l’union entre les royaumes célestes et terrestres.

Dans le tarot de Charles VI, créé à Florence vers 1460, la carte de l’Amoureux présente une scène de mariage aristocratique avec trois couples, dont l’un semble profondément amoureux. Au-dessus d’eux, non pas un, mais deux Cupidons flottent sur un nuage, soulignant la dualité et la complexité de l’amour.

Contrairement aux chérubins de la fin de la Renaissance, Cupidon y est dépeint comme un jeune homme classique, reflétant une vision plus mature de l’amour.

Le célèbre mythe d’Hercule évoque le dilemme, où le héros doit choisir entre la voie de la facilité et celle de la gloire. Le tableau d’Hannibal Carracci, “Hercule à la croisée des chemins”, peint en 1596, incarne parfaitement ce thème. On y voit Hercule, assis entre deux femmes : l’une, voluptueuse, l’invite à une vie de plaisirs éphémères ; l’autre, vêtue modestement, lui montre le chemin ardu menant à la gloire éternelle.

• Hercule : Au centre, Hercule est représenté comme un jeune homme musclé et vigoureux, symbolisant la force et le potentiel. Il se tient à la croisée des chemins, hésitant entre deux directions opposées.
• La Vertu : À gauche d’Hercule, la Vertu est représentée comme une femme noble et austère. Elle pointe vers un chemin escarpé et difficile, symbolisant les épreuves et les efforts nécessaires pour atteindre la gloire et la sagesse. Sa posture et son expression sérieuse incarnent la discipline et la détermination.
• Le Plaisir : À droite, le Plaisir est incarné par une femme séduisante et voluptueuse. Elle invite Hercule à suivre un chemin facile et agréable, mais qui mène à la dépravation et au vice. Son sourire et sa gestuelle ouverte incarnent l’attrait des plaisirs immédiats et superficiels.
• Pégase : En arrière-plan, on peut apercevoir Pégase, le cheval ailé, qui symbolise l’aspiration à des idéaux élevés et la possibilité de transcender les difficultés terrestres. Pégase est souvent associé à la poésie et à l’inspiration divine.
• Les masques : Dispersés dans la composition, les masques représentent les illusions et les tromperies du monde. Ils rappellent que les choix de vie peuvent être influencés par des apparences trompeuses et des désirs superficiels.
• Le paysage : Le paysage en arrière-plan est divisé en deux parties distinctes. Le chemin de la Vertu mène à des montagnes escarpées, symbolisant les défis à surmonter, tandis que le chemin du Plaisir mène à une vallée verdoyante, symbolisant la facilité trompeuse.

Cette allégorie, déjà présente chez Socrate, traverse les âges pour nous parvenir, nous rappelant que le choix n’est pas seulement une affaire de cœur, mais aussi de destinée. Le Tarot de Marseille, avec sa figure centrale de l’homme, souligne l’importance de ce choix, nous invitant à la réflexion.

On peut parler aussi l'autre mythe du Jugement de Paris, où le prince troyen Paris doit choisir entre trois déesses, chacune lui promettant des récompenses différentes. Ce récit mythologique est un parallèle frappant avec la carte de l’Amoureux, où le choix n’est pas seulement romantique mais aussi moral et spirituel. L’ange ou Cupidon, souvent présent dans l’art religieux comme messager de la volonté divine, renforce cette dimension spirituelle, suggérant que nos choix sont guidés par des forces plus grandes que nous.

La première évocation de cette carte remonte au tarot Visconti, créé en 1441 pour célébrer le mariage de Bianca Maria Visconti et Francesco Sforza. Sur cette carte, figure l’héraldique des deux familles, témoignant de l’union politique et militaire de l’époque.

Un petit chien blanc, symbole de fidélité conjugale, et le mot “amour” discrètement inscrit sur la canopée, nous rappellent que, malgré les arrangements politiques, l’amour idéalisé avait sa place dans l’imaginaire collectif. Les aristocrates de l’époque, peut-être pour échapper à la réalité moins romantique de leurs mariages arrangés, adoraient les récits de Lancelot et Guenièvre, du Roman de la Rose et les chants des troubadours.

L’art de cette période, y compris les cartes de tarot, reflétait cette fascination pour le romantisme, mettant en scène des parades nuptiales empreintes d’idéalisme. Dans le tarot Visconti-Sforza, la carte de l’Amoureux présentait un couple sous le regard bienveillant d’un Cupidon ou d’un ange, prêt à décocher sa flèche, symbolisant l’amour romantique dans sa forme la plus pure. Cette figure céleste symbolise l'intervention divine, l'amour et les choix inévitables faits sous l'influence de puissances supérieures.

Les tarots italiens peints à la main, issus de l’aristocratie, mettent souvent en scène des événements amoureux liés à leur mariage arrangé, tandis que les tarots populaires illustrent davantage les jeux amoureux des classes inférieures, où l’homme, à genoux, fait sa demande ou offre des fleurs avant même la proposition de mariage.

Dans le Tarot de Rosenwald, Cupidon semble pointer sa flèche vers la femme qui est la plus réceptive aux avances de l’homme, ce qui peut être interprété comme le pouvoir de l’amour et du désir de façonner nos décisions. Cela souligne l’idée que, bien que nous puissions être confrontés à des choix difficiles, c’est souvent l’attraction et l’affection qui inclinent la balance.

Avec le tarot de Anonyme de Paris, il y a une rupture puisque la carte montre un couple plutôt mature et Cupidon oriente sa flèche davantage vers l'homme. Cette carte illustre donc la manière dont plus tard le tarot de Marseille va s'écarter des tarots italiens car la cible de Cupidon n'est plus alors la femme mais l'homme. Ainsi, le titre de la carte, l'Amoureux, montre que l'homme qui figure sur la carte devient la figure la plus importante.

Waite a une approche résolument différente pour sa carte de l’Amoureux en parlant du mysticisme chrétien. Cette carte, riche en éléments chrétiens, astrologiques et kabbalistiques, dépeint Adam et Ève dans le Jardin d’Éden, symbolisant ainsi les origines de l’amour humain.

Adam, placé devant l’Arbre de Vie, est entouré de fruits flamboyants, tandis qu’Ève se tient près de l’Arbre de la Connaissance, serpent et pommes à ses côtés. Cette scène illustre l’amour dans sa forme la plus innocente et spirituelle, avant que le désir matériel ne vienne le corrompre.

L’ange, non identifié par Waite mais plus tard associé à Raphaël par les initiés de l'ordre de l’Aube Dorée, répand ses bénédictions, symbolisant l’équilibre entre les polarités masculine et féminine. Cette figure ailée incarne l’influence divine qui imprègne l’amour humain.

Les tarologues qui intègrent la psychologie dans leur lecture, pourraient voir dans les trois personnages la trinité de l’esprit : conscient, inconscient et superconscient. Adam et Ève, dans leur état de pureté originelle, reflètent l’amour spirituel avant qu’il ne soit altéré par les tentations terrestres.

Adam, en tant qu’incarnation de l’esprit conscient et rationnel, se tourne vers Ève, qui fait le lien avec le domaine superconscient, représenté par l’ange. Cette dynamique illustre la connexion entre l’humain et le divin, où l’amour est perçu comme un pont vers une conscience supérieure.

Au-delà de la représentation biblique, la carte de l’Amoureux de Waite nous invite à réfléchir sur la dualité de l’amour : entre innocence et expérience, entre spiritualité et désir.

Le carrefour du cœur : l'équilibre entre passion et choix

Aspects Positifs

• Connexion Romantique Profonde : La présence d’un couple au centre de la carte symbolise un amour romantique intense et une attraction mutuelle. Cela indique souvent le potentiel pour une relation profondément épanouissante, où l’harmonie et l’équilibre prévalent, supervisés par une figure angélique ou divine qui bénit l’union.
• Choix Significatif : La représentation d’un jeune homme entre deux femmes illustre un moment décisif, un carrefour où on doit choisir un chemin aligné avec nos valeurs et désirs les plus profonds. C’est un appel à suivre un code moral personnel et à atteindre une conscience de soi plus grande.
• Guidance Divine et Croissance Spirituelle : L’ange dans le tarot Rider-Waite-Smith est un symbole puissant de guidance divine, suggérant un développement spirituel et émotionnel qui se manifeste souvent à travers les relations et les choix personnels.
• Partenariat Solide : Les figures debout côte à côte représentent des partenariats solides et des connexions durables, qu’ils soient romantiques, familiaux ou professionnels.

Aspects Négatifs

• Indécision et Confusion : L’hésitation entre deux choix peut mener à un état d’indécision, de confusion et à une incapacité à prendre des décisions claires, ce qui peut entraîner une stagnation.
• Déconnexion et Dysharmonie : La position inversée de la carte ou la présence d’éléments conflictuels comme le serpent suggère des conflits, une dysharmonie et un déséquilibre dans les relations ou en moi-même, nécessitant une introspection et un réalignement.
• Tentations et Dilemmes Moraux : Le serpent près de l’arbre de la connaissance représente la tentation et les dilemmes moraux, avec le potentiel de faire des choix qui pourraient mener à des conséquences négatives.
• Manque de Responsabilité : Un manque de responsabilité pour nos actions et décisions, comme suggéré par la position inversée de la carte, peut conduire à des complications et des conflits supplémentaires.