Pour comprendre l'iconographie originelle de l'Impératrice, il faut la replacer dans le contexte des femmes de pouvoir de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Contrairement aux idées reçues, de nombreuses femmes exerçaient alors un pouvoir politique réel, soit par héritage, soit comme régentes de leurs époux absents.
Barbara von Celje (1392-1451), épouse de l'empereur Sigismund, administrait ses terres de Hongrie et servait de régente impériale pendant les fréquentes absences de son mari. Reine de Hongrie et de Bohême de son propre droit, elle incarnait parfaitement cette figure de l'Impératrice détentrice d'un pouvoir autonome. Les rumeurs sur sa vie privée et ses croyances religieuses témoignent des difficultés rencontrées par ces femmes puissantes dans un monde patriarcal.
De même, la reine Theodolinda des Lombards (vers 570-628), immortalisée dans les fresques de la cathédrale de Monza par les frères Zavattari vers 1440, présente une ressemblance frappante avec les premières Impératrices du Tarot. Ces femmes présidaient leurs propres cours, contrôlaient des territoires étendus et, une fois leur devoir dynastique accompli par la naissance d'héritiers, jouissaient souvent d'une liberté considérable.
L'Allégorie du Pouvoir était traditionnellement représentée sous les traits d'une femme trônant avec les insignes impériaux, comme en témoigne la gravure d'Antonio Albizzi (1610). Cette iconographie classique explique pourquoi les premiers maîtres cartiers choisirent naturellement une figure féminine pour incarner l'autorité temporelle suprême, bien avant que l'Impératrice ne devienne symbole de maternité.
Sainte Radegonde, née en 518, était une princesse thuringienne qui devint reine des Francs en épousant Clotaire Ier, fils de Clovis. Son parcours exceptionnel illustre parfaitement la complexité du pouvoir féminin à l'époque mérovingienne : d'abord otage de guerre, puis reine consort, elle finit par renoncer volontairement à son statut royal pour fonder l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers. Cette trajectoire du pouvoir temporel vers la spiritualité préfigure l'évolution symbolique de l'Impératrice du Tarot.
Dans le contexte politique de l'époque, Radegonde représentait un modèle unique de souveraineté féminine autonome. Contrairement aux reines consorts traditionnelles, elle exerçait une influence politique directe et disposait de ses propres biens. Sa décision de quitter la cour royale pour mener une vie pieuse et charitable ne constituait pas un renoncement au pouvoir, mais sa transformation : du pouvoir sur les hommes au pouvoir sur les âmes, de l'autorité temporelle à l'autorité spirituelle.
Radegonde est souvent représentée en religieuse, parfois avec une couronne posée près d'elle, symbolisant cette dualité entre pouvoir abandonné et pouvoir spirituel acquis. Cette iconographie du "pouvoir déposé mais non perdu" se retrouvera dans certaines représentations de l'Impératrice, notamment dans les versions où elle tient son blason plutôt que de le porter.
En faisant une corrélation entre Sainte Radegonde et l'Impératrice du Tarot de Marseille, on peut voir des similitudes dans leur représentation du pouvoir féminin transformateur. Tandis que Radegonde a choisi d'utiliser son pouvoir pour le bien spirituel des autres, l'Impératrice représente la puissance créatrice qui transforme l'esprit en matière. Les deux figures incarnent une forme de pouvoir féminin générateur plutôt que dominateur, que ce soit à travers la charité et la dévotion ou à travers la création et la maternité cosmique.
L'évolution de l'Impératrice révèle une transformation conceptuelle majeure dans l'histoire du Tarot : le passage progressif d'une représentation du pouvoir politique concret vers un archétype universel du principe créateur féminin. Cette mutation s'opère en plusieurs étapes historiques distinctes, chacune marquée par les préoccupations de son époque.
Première phase (XVe-XVIe siècles) : L'Impératrice politique. Dans les premiers tarots, elle incarne littéralement l'autorité impériale, avec tous ses attributs : couronne, sceptre, orbe et aigle héraldique. Cette représentation correspond à une époque où le Saint-Empire romain germanique structure encore l'Europe et où les femmes de pouvoir exercent une autorité politique réelle.
Deuxième phase (XVIIe-XVIIIe siècles) : La codification marseillaise. Avec le Tarot de Marseille, l'Impératrice conserve ses attributs impériaux mais commence à développer des aspects plus maternels et protecteurs. Le blason tenu dans ses bras plutôt que posé au sol suggère déjà une relation plus intime, plus nourricière au pouvoir.
Troisième phase (XIXe siècle) : L'ésotérisation. Les occultistes français, notamment Éliphas Lévi, transforment l'Impératrice en figure cosmique : elle devient la "Femme de l'Apocalypse" couronnée d'étoiles, incarnation du principe créateur universel. Cette mutation marque le passage définitif du politique au spirituel.
Quatrième phase (XXe-XXIe siècles) : La maternité archétypale. L'Impératrice moderne abandonne définitivement ses attributs impériaux pour devenir la Mère universelle, symbole de fertilité, d'abondance naturelle et de créativité artistique. Cette évolution reflète les transformations sociales de la condition féminine et la redécouverte du "féminin sacré".
L'interprétation contemporaine de l'Impératrice doit tenir compte des transformations radicales des modèles familiaux et de maternité depuis les années 1960. La carte ne peut plus se contenter de représenter la mère traditionnelle au foyer, mais doit intégrer la diversité des expériences féminines modernes : mères célibataires, familles recomposées, maternité tardive, procréation médicalement assistée, adoption internationale.
L'Impératrice moderne incarne une maternité choisie plutôt que subie, créative plutôt que reproductive. Elle représente la femme qui décide consciemment de donner la vie, que ce soit biologiquement, artistiquement ou spirituellement. Cette évolution reflète la conquête progressive de l'autonomie reproductive féminine et la redéfinition de la maternité comme projet personnel plutôt que comme destin social.
Dans le contexte des nouveaux modèles familiaux, l'Impératrice symbolise également la fonction nourricière au-delà des liens biologiques : belle-mère bienveillante, mère adoptive, mentor féminin, ou même homme assumant un rôle maternel. Son archétype transcende le genre pour incarner la fonction psychologique de "contenant" protecteur et nourrissant.
L'évolution sociologique de l'Impératrice témoigne aussi de l'émergence de nouvelles valeurs : développement durable (elle devient déesse écologique), économie collaborative (elle inspire les réseaux d'entraide), entrepreneuriat féminin (elle incarne la créatrice d'entreprise). Ces mutations font d'elle un archétype particulièrement pertinent pour comprendre les aspirations contemporaines à concilier épanouissement personnel, responsabilité sociale et créativité.
La philosophie de l'Impératrice repose sur une distinction fondamentale entre deux modalités du pouvoir : le pouvoir dominateur (masculin traditionnel) et le pouvoir générateur (féminin archétypal). Contrairement à l'Empereur qui impose sa volonté par la force et l'autorité, l'Impératrice exerce un pouvoir créateur qui fait émerger la nouveauté par gestation, maturation et mise au monde.
Cette différence philosophique majeure oppose la création à la procréation. La procréation reproduit l'existant selon des schémas biologiques déterminés, tandis que la création fait advenir du radicalement nouveau. L'Impératrice moderne incarne cette créativité pure : elle ne se contente pas de reproduire la vie, elle invente de nouvelles formes d'existence, qu'elles soient artistiques, intellectuelles ou spirituelles.
L'archétype de l'Impératrice interroge également la notion de "féminin sacré" redécouverte par les mouvements spirituels contemporains. Ce concept dépasse la simple valorisation de la maternité biologique pour explorer les dimensions cosmiques du principe féminin : réceptivité créatrice, sagesse intuitive, connexion aux cycles naturels, capacité de transformation alchimique.
Dans une perspective jungienne, l'Impératrice représente l'anima positive, cette dimension féminine de la psyché qui permet la créativité, l'empathie et la connexion au monde sensible. Elle incarne la réconciliation entre nature et culture, instinct et conscience, individualité et universalité. Cette synthèse fait d'elle un archétype particulièrement pertinent pour les quêtes contemporaines d'authenticité et d'épanouissement intégral de la personnalité.
Seul le maître cartier du tarot de Paris se permet une variation en représentant l'Impératrice debout (tout comme l'Empereur). Il s'agit surtout de représenter le personnage, de manière classique, comme on le faisait dans l'antiquité. Encore qu'ici, l'impératrice marche et pose sa main de manière désinvolte sur sa hanche (comme le fait le prince du Chariot). A croire qu'elle est en train participer à un défilé de mode ! Mais ne nous y trompons pas, elle est bien en train de parader ! Ce qui dénote de la carte de L'Empereur de ce même tarot, lui aussi debout, mais très statique. Ici, la volonté du graveur a-t-il été d'attribuer au personnage des qualités d'impulsivité ou même de séduction ?
Avec Jean Noblet, pour la première fois, l'Impératrice est montrée avec un bouclier, ce qui est une représentation originale et spécifique. La même année, Viéville montre une impératrice très ressemblante. La question d'un tarot, ancêtre commun du Jean Noblet et Jacques Viéville, ayant été publié entre 1615 et 1650 est parfaitement légitime ! Nous ne serons sans doute jamais si Jean Noblet fut l'inventeur du tarot qui deviendra le fameux "Tarot de Marseille".
L'Impératrice du Tarot de Marseille avec son blason qu'elle porte dans son bras, est davantage associée à la mère ou à une figure maternelle, soulignant son aspect protecteur et bienveillant.
Le globe que tient l'Impératrice dans de nombreuses versions historiques n'est pas un simple ornement décoratif. Il s'agit d'une représentation des cartes T-O (Orbis Terrarum), la vision médiévale du monde qui dominait la géographie européenne jusqu'aux grandes découvertes. Ces diagrammes montraient la Terre comme un disque plat entouré par l'océan, avec les trois continents connus - Europe, Asie et Afrique - séparés par un T formé par la Méditerranée et les fleuves Don et Nil.
Dans cette conception du monde, Jérusalem occupait le centre exact de la Terre, reflétant la vision chrétienne médiévale où la Terre sainte constituait le cœur spirituel et géographique de la création. L'Orient (d'où vient le mot "orientation") se trouvait en haut de ces cartes, là où le soleil se lève et où se situait le Paradis terrestre. Cette organisation n'était pas seulement géographique mais profondément théologique.
Lorsque l'Impératrice tient ce globe T-O, il ne manifeste pas seulement son pouvoir sur un territoire, mais son autorité sur l'ensemble du monde chrétien tel que conçu à l'époque. Le fait que ce globe soit souvent surmonté d'une croix renforce cette dimension : l'Impératrice règne sur la Terre au nom du Christ, unifiant pouvoir temporel et mission spirituelle.
Cette symbolique explique pourquoi l'Impératrice du tarot dépasse la simple figure du roi ou du dirigeant politique. Il incarne l'ordre cosmique lui-même, la structure divine qui organise et gouverne le monde matériel selon un plan supérieur. Même quand les cartes évoluent et que le globe perd ses détails géographiques, cette dimension d'autorité universelle demeure au cœur de l'archétype impérial.
La seule particularité de la version de Jean Dodal, est qu'il fait porter le regard de l'impératrice à droite. Il faut sans doute y voir l'évocation d'une femme tournée vers l'avenir, faisant preuve d'ouverture et de dynamisme. Cette caractéristique sera d'ailleurs reprise par la suite dans le Tarot de Besançon (ici Loudier) et devient la norme pour le Tarot de Marseille.
L'histoire de l'Impératrice connaît deux épisodes remarquables de suppression qui révèlent l'impact des tensions politiques sur l'iconographie tarotique. Ces "absences" sont aussi révélatrices que les présences dans la compréhension de l'évolution symbolique de la carte.
En 1725, à Bologne, un conflit entre pouvoirs séculier et religieux aboutit à un décret du Légat papal ordonnant le remplacement de l'Empereur, l'Impératrice, le Pape et la Papesse par quatre Maures. Cette mesure drastique témoigne de la charge politique que portaient encore ces figures d'autorité. Le Maure qui remplace l'Impératrice, tenant un sceptre surmonté d'un croissant de lune, conserve paradoxalement certains attributs du pouvoir féminin tout en évacuant la référence impériale chrétienne.
La seconde suppression intervient pendant la Révolution française. Les imprimeurs sont contraints d'adapter leurs planches pour éliminer tout symbole monarchique. L'Impératrice de François Isnard devient ainsi "Grand Mère" : sa couronne disparaît au profit d'un bonnet ou d'une coiffure élaborée, l'aigle impérial de son blason est oblitéré par des rayures neutres. Cette transformation révolutionnaire préfigure ironiquement l'évolution moderne de l'Impératrice vers la figure maternelle.
Ces deux épisodes démontrent que l'Impératrice n'était pas perçue comme un simple symbole ésotérique, mais bien comme une représentation du pouvoir politique réel, suffisamment menaçante pour justifier sa suppression. Paradoxalement, ces tentatives d'effacement ont contribué à sa transformation symbolique : privée de ses attributs impériaux, elle a pu développer ses dimensions maternelles et créatrices.
La transformation ésotérique de l'Impératrice trouve son origine dans les travaux d'Alphonse Louis Constant, dit Éliphas Lévi (1810-1875), qui révolutionne l'interprétation du Tarot dans son "Dogme et Rituel de la Haute Magie" (1854-1856). Pour Lévi, l'Impératrice n'est plus une souveraine temporelle mais l'incarnation de la "Femme de l'Apocalypse" décrite dans l'Apocalypse de saint Jean.
"Et il parut dans le ciel un grand prodige : une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles" (Apocalypse 12:1). Cette vision biblique fournit à Lévi le cadre conceptuel pour transformer l'Impératrice en figure cosmique universelle. Elle devient la Mère divine, l'Isis chrétienne, celle qui donne naissance au monde spirituel.
Cette réinterprétation s'appuie sur une tradition hermétique ancienne qui associe l'Impératrice à Vénus-Uranie, la "Reine du Ciel" qui "demeure dans les hauteurs sublimes de l'idéal, au-dessus de toute contingence". Sa posture statique et son pied posé sur le croissant lunaire indiquent qu'elle s'est élevée au-dessus du monde sublunaire changeant pour atteindre la sphère des fixes éternelles.
L'innovation de Lévi consiste à maintenir le lien avec la tradition chrétienne tout en l'enrichissant d'éléments hermétiques. L'aigle de son blason ne symbolise plus le pouvoir impérial mais l'âme et l'Esprit Saint. Cette synthèse entre christianisme ésotérique et hermétisme antique ouvre la voie à toutes les interprétations modernes de l'Impératrice comme Mère cosmique et principe créateur universel.
Le XXe siècle marque une rupture décisive dans l'évolution de l'Impératrice : elle abandonne progressivement ses derniers attributs impériaux et ésotériques pour devenir une figure accessible, incarnant les préoccupations contemporaines autour de la maternité, de la créativité et de l'épanouissement féminin.
Cette transformation s'opère dans un contexte de mutations sociales profondes : émancipation féminine, remise en question des modèles familiaux traditionnels, développement de la psychologie moderne et redécouverte des spiritualités alternatives. L'Impératrice devient alors le réceptacle de nouvelles aspirations : elle n'incarne plus le pouvoir institutionnel mais l'épanouissement personnel.
Le passage de l'Impératrice "cosmique" des occultistes à l'Impératrice "psychologique" des tarots modernes reflète une évolution plus large : le déplacement de l'autorité spirituelle des institutions vers l'individu. Elle n'est plus la Reine du Ciel lointaine mais la mère, l'artiste, la femme créatrice que chacun peut rencontrer dans sa vie quotidienne.
Cette démocratisation de l'archétype s'accompagne paradoxalement d'un appapprofondissement de sa dimension psychologique. L'Impératrice moderne intègre les découvertes de la psychologie jungienne sur les archétypes féminins, les recherches anthropologiques sur les déesses-mères universelles, et les questionnements contemporains sur l'identité féminine. Elle devient un miroir des transformations de la condition féminine dans les sociétés occidentales.
L'Impératrice du Tarot Rider-Waite-Smith est issue d'une création plus moderne, avec des éléments ésotériques supplémentaires associés à son rôle de gardienne des mystères sacrés.
Ce tarot ajoute des éléments marquants comme le ruisseau qui s'écoule vers le champ de blé. Waite évoque avant tout la terre féconde et fertile. On peut naturellement penser que ces qualités correspondent bien à la Femme, cependant pour une femme, qui plus est impératrice, nous aurions pu espérer des vertus et des aspects plus spécifiques.
Ce qui m'intéresse dans cette impératrice, c'est qu'elle porte un enfant dans ses bras. C'est sans doute l'image la plus conforme à l'état d'esprit des maîtres cartiers de la Renaissance. Dans le dragon du blason que tient l'Impératrice dans son bras droit, ils y voyaient sans doute la représentation d'un enfant. Le chiffre 3 est le chiffre de l'émergence et de la créativité. Je ne suis pas du tout d'accord avec bon nombre de tarot qui représente l'impératrice enceinte. En effet, la gestation est selon moi davantage associé au chiffre 2, symbole de fusion et d'accumulation. Aussi c'est la Papesse qui devrait être enceinte, même si je conçois fort bien qu'il peut être perturbant et choquant de représenter cette femme d'église avec un enfant dans le ventre.
La présence des deux léopards est plutôt surprenante. Je vois mal en quoi l'Impératrice pourrait être féroce. Mais sans doute l'auteur a voulu signifier que le pouvoir de l'Impératrice est aussi de pouvoir calmer les esprits et contrôler les pulsions grâce à sa sagesse et sa bienveillance. Si c'est le cas, c'est doublement maladroit. D'abord les léopards au pied de l'impératrice pourrait symboliser bien d'autres aspects que celui de la douceur et l'apaisement. Ensuite c'est recouvrir le symbolisme de la carte de la Force.
Il est vrai que cette femme est enceinte et que je n'aime pas ce genre de représentation de l'Impératrice. Mais ici, il n'y a pas que cela, cette mère a sous son aile 4 créatures. Cette carte apporte donc un élément majeur par rapport à la carte précédente : la créativité est multiple et abondante. L'impératrice met au monde beaucoup d'enfants. Et le fait qu'elle soit encore enceinte alors qu'elle s'occupe déjà de ses 4 enfants, est tout à fait juste dans ce que cette carte peut représenter. La vie est foisonnante dans son principe créateur.
Naturellement, représenter l'Impératrice comme une mère qui s'occupe de sa progéniture est tout à fait inspiré. Cette carte est en ce sens bien plus démonstrative et évidente que la carte historique avec le blason dans le bras de l'Impératrice, où l'aspect maternel n'est pas flagrant. On peut cependant reprocher à juste titre que cela enferme l'Impératrice dans un rôle de mère à domicile, alors qu'elle est bien plus que cela. Elle est aussi une femme vivant dans le présent.
Justement nous avons ici une femme qui n'est pas mère, mais plutôt femme au foyer, fière de ses nombreux succès en cuisine. Je ne cautionne naturellement pas un point de vue si dégradant de la femme, mais ce tarot assume ce parti pris vintage des années 60', ma foi, pourquoi pas. L'idée que je retiens surtout est que cette femme est bonne vivante, elle se fait plaisir, elle profite de la vie et de ce qu'elle apporte. Il me semble que c'est là aussi un message important de l'Impératrice.
Enfin, cette Impératrice nue comme au premier jour, nous rappelle qu'à l'origine nous ne possédons rien. A l'aube de notre vie, nous commençons désarmés certes mais aussi sans cicatrice. Bref à notre naissance, nous sommes vierges de tout. Cet aspect a toujours été présent, car dès les premiers tarots, l'Impératrice porte un blason intact et parfait, alors que le blason posé au sol de l'Empereur est cabossé ou avec des morceaux manquants. Signe que l'Empereur a déjà été brutalisé, a déjà souffert de la vie, alors que l'Impératrice est encore indemne.
Des mots-clés pour les 78 cartes pour le Tarot de Marseille et le Rider-Waite-Smith, à glisser dans votre deck favori. Vos dépliants toujours avec vous, à portée de main, pour vos guider dans vos tirages. Grâce à eux, vos interprétations gagnent en richesse et en finesse.
J'entends souvent parler de l'Impératrice comme d'une femme séductrice (entre autres). Non, elle ne l'est pas et ne l'a jamais été. Les maîtres cartiers de la Renaissance n'ont jamais donné à l'Impératrice des attributs de séductrice. D'ailleurs Jean Dodal considérait que c'était la Papesse la séductrice, en mettant un grain de beauté (ou une 'Mouche') sur sa joue. Les femmes séductrices, s'il y en a, étaient peut-être la Reine de Bâtons pour Jean Noblet et Tempérance pour Jean Dodal, car ces 2 cartes montre en effet une femme à la poitrine dénudée. Si on peut comprendre l'interprétation de Noblet, on peut se poser la question ce que Jean Dodal voulait vraiment dire avec Tempérance à la poitrine nue alors qu'elle est l'une des 4 vertus chrétiennes - Quand je vous dis que Noblet et Dodal étaient des penseurs libres ! -. En fait, je pense que Dodal voulait probablement évoquer que l'eau coulant de l'amphore était aussi précieux pour Tempérance que son propre lait maternel. J'y reviendrais dans l'article consacré à Tempérance. Donc trouver une femme séductrice dans le tarot n'est pas une mince affaire. Les maîtres cartiers avaient une haute estime de la Femme (La Papesse, Justice, Force, Temperance, L'Etoile, Le Monde), bien plus que l'Homme (Le Fou, Le Bateleur, L'amoureux, Le Chariot, L'Hermite, Le Pendu), c'est flagrant. Pour eux, il était évident que l'Homme se transcendait à travers sa relation harmonieuse avec la Femme. La Femme est très spiritualisée dans le tarot.
Si on prend du recul, et que l'on cherche quelle carte pourrait parler véritablement de séduction, il n'y a pas à chercher bien loin. Il s'agit naturellement de la carte du Diable. Certains peuvent contester que le Diable évoque avant tout la manipulation. Justement le Diable, juste après la Tempérance équilibrée, montre bien que l'équilibre est toujours précaire et que la séduction est le chemin de la manipulation.
De plus, n'oubliez pas que l'Impératrice est une femme qui a le pouvoir, qui a-t-elle besoin de séduire pour arriver à ses fins, alors qu'elle est déjà au sommet de la hiérarchie sociale ? L'Impératrice ne séduit pas, elle ordonne !
Ceci dit, soyons pragmatique et honnête. Si parmi les 22 triomphes, nous devions sélectionner la carte d'un personnage féminin qui incarnerait au mieux le symbole de la Femme, de la féminité, du pôle féminin en nous, il pourrait s'agir de l'Impératrice. Nous mettrions de côté le personnage féminin incarnant la beauté dans la carte de l'Amoureux. Mais le Tarot nous parle-t-il vraiment à un moment donné des deux contraires, de la Femme et de l'Homme ? Oui, en effet, mais plutôt avec la carte du soleil (j'y reviendrais dans l'article consacré à cette carte), et non pas avec la carte de l'Impératrice et de l'Empereur. Dans un souci d'ouverture et de complétude, j'ai donc bien intégré cette notion de féminité dans les mots clés ci-dessous. Mais vous êtes avertis, que selon moi, c'est un domaine d'interprétation très périphérique.
Interprétation Symbolique | Sens endroit (Positif) | Vitalité, féminité, beauté, charme, allégresse, convivialité, art, culture, ouverture d'esprit, humour, légèreté | Sens envers (Négatif) | Versalité, éparpillement, futilité, sentimentalisme, avidité, blocage relationnel, pouvoir abusif, absence de pardon, ennui |
Interprétation Psychologique | Sens endroit (Positif) | Motivé, curieux, joyeux, séducteur, élégant, sensuel, généreux | Sens envers (Négatif) | Capricieux, dédaigneux, frivole, insensible, négligeant, jaloux, frustré |
Conseil | |
Assouvis ton envie. Lance-toi. Accouche de la vérité. Construis de tes mains. Fais-le par amour. Suis ton coeur. Protège ton coeur | |
Interprétation Thématique | Amour | Nouvelle rencontre. Relation amicale. Zone-friend. Flirt plaisant. Séduction ou coup de foudre avec humour et joie. Dépendance affective | Travail | Bonne ambiance de travail ou communication. Concept original ou artistique. Dispersion au travail. Indécision à enclencher un projet. Petit boulot. Job d'été | Argent | Petits bénéfices mais rapides. Apport de proches. Gain hasardeux ou chanceux au jeu. Possibilité d'investissement. Demande de crédit | Famille / Amitiés | Naissance. Forte ambiance ou autorité maternelle (excessive ?). Amour des proches. Echanges artistiques et culturels | Santé | Regain d'énergie. Energie nerveuse ou stress. Besoin de respirer. Libérer la parole pour évacuer. Désir de procréation |
Divination / Prédictif | Qui ? | Une mère. Une jeune femme. Une séductrice. Une femme de pouvoir. Une DRH | Où ? | Une maternité. Une crèche. Un musée d'art. Une exposition. Un lieu de pouvoir | Quand ? | A la fin d'une retraite ou d'une formation. A la suite d'un déménagement. A une naissance. Lors d'un changement d'habitude | Comment ? | En créant. En donnant. En prenant par la main. En bouscoulant la routine. En brisant le cercle vicieux. En protégeant les siens |
Copyright © TarotQuest.fr