La carte de la Papesse naît dans l'Italie du XVe siècle, au sein d'une société profondément chrétienne. Contrairement à ce que l'on pourrait penser aujourd'hui, cette figure féminine portant les attributs papaux n'avait rien de scandaleux pour les contemporains. Elle s'inscrivait dans une longue tradition artistique médiévale où l'Église était souvent représentée sous les traits d'une femme.
Les premiers créateurs de Tarot puisent dans l'imagerie religieuse de leur époque. La femme couronnée de la tiare papale symbolise l'Église universelle, mère spirituelle des fidèles. Cette représentation allégorique était aussi naturelle que celle de la Justice avec sa balance ou de la Force avec son lion.
La Papesse originelle incarne donc la sagesse de l'institution religieuse, gardienne des textes sacrés et des mystères de la foi. Son livre ouvert témoigne de sa mission d'enseignement, tandis que ses attributs papaux confirment son autorité spirituelle.
Au Moyen Âge et à la Renaissance, représenter l'Église sous les traits d'une femme était une pratique courante et respectée. La basilique Saint-Pierre au Vatican abrite encore aujourd'hui une statue de marbre montrant une femme portant la couronne papale et tenant un livre avec des clés. Cette œuvre, située au cœur même du catholicisme, prouve que l'image d'une "papesse" n'avait rien d'hérétique.
Cette tradition s'enracine dans la vision de l'Église comme mère spirituelle. De même que la Justice est une femme tenant une balance, l'Église devient une femme détenant les clés du salut et les livres de la sagesse divine.
Parallèlement à cette tradition allégorique, circule depuis le XIe siècle la légende de la Papesse Jeanne. Cette histoire, née à Cologne en Allemagne, raconte qu'une femme anglaise se serait déguisée en homme pour étudier. Devenue célèbre pour son érudition, elle aurait été élue Pape au IXe siècle. Sa véritable identité se serait révélée lors d'un accouchement public pendant une procession religieuse.
Cette légende était considérée comme authentique au Moyen Âge et à la Renaissance. Elle explique peut-être pourquoi certains ont vu dans la carte du Tarot une référence à ce personnage controversé. Cependant, les représentations de la Papesse Jeanne dans l'art médiéval sont généralement explicites et dramatiques, montrant l'accouchement ou un bébé. La Papesse du Tarot, sereine et digne, semble plutôt s'inspirer de l'allégorie traditionnelle de l'Église.
Le somptueux tarot Visconti-Sforza, créé vers 1450 pour le duc et la duchesse de Milan, cache peut-être un secret de famille. Certains historiens pensent que la Papesse de ce jeu représente Maifreda da Pirovano, une parente des Visconti brûlée pour hérésie en 1300.
Tout commence dans les années 1260 avec l'arrivée à Milan d'une femme mystérieuse nommée Guglielma. Accompagnée d'un jeune fils, elle se présente comme veuve, mais personne ne connaît ses origines. Après sa mort en 1282, son tombeau devient un lieu de pèlerinage où se produisent des miracles.
Sœur Maifreda, membre de l'ordre religieux des Umiliati et cousine de la famille Visconti, développe alors une croyance audacieuse. Avec le prêtre Andrea Saramita, elle proclame que Guglielma était l'incarnation féminine du Saint-Esprit. Cette idée révolutionnaire prévoit qu'une femme pourrait diriger l'Église.
En 1300, l'Inquisition intervient. Maifreda et ses complices sont brûlés vifs. Dix ans plus tard, quand l'Église enquête sur la famille Visconti pour hérésie, elle rappelle soigneusement que la célèbre hérétique Maifreda était bien une cousine de cette puissante lignée.
L'historienne Gertrude Moakley a proposé la première cette identification entre la Papesse Visconti-Sforza et Maifreda. Son argument principal : le costume de la carte ressemblerait à l'habit des Umiliati. Cependant, un examen attentif révèle que la Papesse porte en réalité l'habit brun des Clarisses franciscaines, avec sa corde nouée caractéristique, et non le simple habit blanc des Umiliati.
Cette différence ouvre une autre hypothèse fascinante. Une légende circulait en Lombardie depuis le début du XIVe siècle : Guglielma serait en réalité Vilemina, fille du roi et de la reine de Bohême. Or, la vraie Vilemina avait une sœur cadette devenue sainte Agnès après avoir fondé un ordre de Clarisses à Prague avec l'aide de sainte Claire d'Assise.
La duchesse de Milan connaissait-elle cette légende ? Représenter sainte Agnès plutôt que l'hérétique Maifreda aurait permis d'honorer discrètement la mémoire de Guglielma tout en évitant tout reproche d'hérésie. Cette hypothèse reste séduisante, même si elle demeure invérifiable.
Parmi les symboles de la papauté, il y a les deux clefs héritées de saint Pierre, considéré comme le premier pape, à qui Jésus avait confié les clefs du Royaume des Cieux. La clé en or, est une allusion au pouvoir sur le royaume des cieux, la clé en argent, indique l'autorité spirituelle de la papauté sur terre. Les premières images de la Papesse sur le Tarot l'ont représenté avec une clé, signe de sa fonction papale.
Jean Noblet représente la Papesse avec sa tiare coupée, en effet nous ne voyons que 2 des 3 couronnes du couvre-chef. Les versions précédentes montraient toutes la tiare dans sa totalité. Il y a donc une volonté claire de Jean Noblet de signifier un message par cette particularité. Nous avons deux options :
Parce que la carte précédente, le Bateleur a lui-même une table tronquée avec 3 pieds sur 4. Je pense que le message de Noblet est ici de signifier que les connaissances de la Papesse sont incomplètes. Et c'est bien pour cela qu'elle a un livre ouvert sous les yeux : pour apprendre. Ainsi la Papesse de Noblet, qui n'a pas sa clé, et qui donc n'a plus son plein pouvoir sur le royaume des hommes, est un symbole de recherche de la vérité et de la connaissance intérieure pour ne pas dire spirituelle. Tout comme le Bateleur, la Papesse est en devenir.
Jean Dodal a exactement la même approche de Noblet, car il tronque lui aussi la tiare de la Papesse. Il y avait là une volonté partagée entre les deux cartiers, voir vision commune à l'ensemble de la corporation, de montrer la Papesse comme un personnage incomplet. Cependant Jean Dodal ajoute un détail inattendu : un grain de beauté (ou une 'Mouche') sur la joue. Noblet et Dodal n'avaient pas froid aux yeux, ils avaient tout deux une liberté de penser et d'exprimer leur opinion, tout à fait remarquable pour l'époque. La Papesse avec un grain de beauté, nous rappelle que le personnage n'en reste pas moins une femme, qui peut être belle et séductrice même. On peut l'aimer aussi pour cela. Une femme spirituelle n'est sans doute pas une femme inaccessible, une femme sans désir, ou une femme immaculée.
Autre aspect très intéressant de la version de Dodal, il appelle la carte "La pances", que l'on pourrait traduire par :
Personnellement, je pense qu'il s'agit davantage de la première option, à moins que le maître cartier ait voulu jouer sur les deux mots.
Par la suite, on remarquera que le message de ces maîtres cartiers se perd. En effet le populaire tarot de Conver de 1762 montre une papesse complète avec les 3 couronnes visibles de sa tiare. Puis sur le tarot de Grimaud gravé par Paul Marteau en 1930, vous pourrez remarquer (image de l'introduction) que la Papesse a sa tiare qui déborde sur le cartouche supérieur. Ce détail veut sans doute signifier que la Papesse a une sagesse ou un pouvoir surhumain ou divin. On comprend bien que le message initial est totalement dévoyé.
Le tarot de Besançon est un tarot dérivé du Marseille apparu dans l'est de la France. C'est qu'assez rapidement dans l'histoire de tarot de tradition française, que les cartes de la Papesse et du Pape ont été remplacé par des personnages moins "blasphématoires" car la figure du Pape heurtait les protestants, et la figure de la Papesse était offensante pour les catholiques.
Junon est la plus importante déesse romaine. Elle est reine des dieux, la protectrice des femmes et symbole du mariage. Inutile de dire qu'avec cette figure, la deuxième triomphe avait perdu tout son sens initial.
Le remplacement de la Papesse ne se limite pas à Besançon. Cette transformation révèle les tensions religieuses de l'époque moderne. Contrairement à une idée répandue, l'Église catholique ne s'opposait pas aux figures religieuses sur les cartes à jouer. Ce sont les régions protestantes qui refusaient l'imagerie catholique.
En Belgique et dans le nord de la France, la Papesse devient le Capitaine Espagnol, un personnage de la comédie italienne. Cette substitution transforme complètement le sens de la carte : exit la sagesse spirituelle, place au personnage fanfaron et ridicule du théâtre populaire.
À Bologne, la situation est différente. En 1725, le représentant du Pape dans cette ville décrète que l'Impératrice, l'Empereur, le Pape et la Papesse doivent être remplacés par quatre Maures dans tous les jeux de Tarot. Cette décision politique locale crée le Tarocco Bolognese, où la hiérarchie chrétienne disparaît au profit de figures exotiques.
Ces remplacements montrent à quel point la Papesse était devenue gênante. Symbole religieux pour les uns, figure scandaleuse pour les autres, elle perd progressivement sa place dans certaines régions. Heureusement, le Tarot de Marseille préserve son image originelle et permet sa transmission jusqu'à nous.
À la fin du XVIIIe siècle, la Papesse vit une transformation radicale. Des érudits passionnés d'ésotérisme décident que le Tarot cache des secrets bien plus anciens que le christianisme médiéval. Cette révolution intellectuelle va complètement changer le visage de notre carte.
Antoine Court de Gébelin, pasteur protestant et amateur d'antiquités, publie en 1781 une théorie révolutionnaire dans son ouvrage "Le Monde Primitif". Selon lui, le Tarot serait un livre d'images préservant la sagesse de l'Égypte antique. Les symboles chrétiens ne seraient que des déformations tardives masquant la véritable origine du jeu.
Court de Gébelin rebaptise donc la Papesse en "Grande-Prêtresse" (High Priestess en anglais). Pour lui, cette carte représente une prêtresse égyptienne mariée au Grand-Prêtre (l'ancien Pape). Cette idée du couple sacré égyptien remplace définitivement l'allégorie chrétienne de l'Église.
Bien que son illustration reste proche du Tarot de Marseille, Court de Gébelin affirme que la Grande-Prêtresse porte les cornes d'Isis. Cette interprétation ouvre la voie à toutes les transformations futures de la carte.
Le véritable architecte de la High Priestess moderne est Éliphas Lévi, de son vrai nom Alphonse Louis Constant. Cet ancien séminariste devenu occultiste décrit en 1856, dans "Dogme et Rituel de la Haute Magie", une vision précise de la carte qui influencera tous les créateurs ultérieurs.
Selon Lévi, la Grande-Prêtresse est "une femme couronnée d'une tiare, portant les cornes de la Lune et d'Isis, la tête enveloppée d'un manteau, la croix solaire sur la poitrine, et tenant un livre sur ses genoux qu'elle dissimule avec son manteau."
Lévi associe cette carte à la deuxième lettre hébraïque, Beth, qui signifie "maison". Cette correspondance transforme la Grande-Prêtresse en gardienne du sanctuaire intérieur, assise à l'entrée du temple de la sagesse cachée. Elle devient ainsi la détentrice de la Gnose, cette connaissance directe du divin réservée aux initiés.
Oswald Wirth, disciple de Lévi, crée en 1887 puis révise au début du XXe siècle un Tarot qui matérialise ces idées. Sa Grande-Prêtresse trône sur un sphinx sculpté, symbole des mystères à élucider. Elle tient un livre entrouvert, gardant un doigt entre les pages comme si elle marquait sa place dans une lecture éternelle.
Wirth multiplie les symboles de dualité : colonnes rouge et verte, clés d'or et d'argent, croissant de lune sur la tiare. Il ajoute même un symbole yin-yang sur le livre, mélange audacieux entre traditions occidentales et orientales. Pour lui, la Grande-Prêtresse incarne "la prêtresse du mystère, Isis, la déesse de la nuit profonde, sans l'aide de qui l'esprit humain ne pourrait pénétrer les ténèbres."
L'Ordre Hermétique de l'Aube Dorée (Golden Dawn), société secrète britannique fondée en 1888, systématise ces correspondances. Ils nomment la carte "Prêtresse de l'Étoile d'Argent" et l'associent définitivement à la Lune, à l'élément Eau et à tout ce qui fluctue et reste partiellement caché.
Dans leur système, la carte correspond à la lettre hébraïque Gimel (le chameau), animal qui permet de traverser le désert grâce à ses réserves d'eau. Cette métaphore suggère que la Grande-Prêtresse aide à traverser les épreuves spirituelles grâce à sa sagesse intérieure.
La carte de la Grande Prêtresse du Tarot Rider-Waite-Smith est sans doute une des plus ésotériques du jeu avec celle de la Roue de Fortune. La carte heuristique ci-dessous propose une interprétation des aspects ésotériques de la carte. On notera aussi que le personnage prend une dimension lunaire dont je discute à la fin de cet article. Toujours est-il, avec cette carte, la deuxième Triomphe est davantage associée à la sagesse divine et à la connaissance ésotérique. Elle représente la connexion avec le monde spirituel et l'accès aux secrets cachés.
Arthur Edward Waite et Pamela Colman Smith, tous deux anciens membres de la Golden Dawn, créent en 1909 la High Priestess la plus influente du XXe siècle. Leur carte suit fidèlement la vision d'Éliphas Lévi tout en y ajoutant une richesse symbolique remarquable.
La Grande-Prêtresse porte sur sa tête les cornes d'Isis représentant les trois phases de la Lune : croissant, pleine lune et lune décroissante. Sur sa poitrine brille une croix à branches égales, symbole des dualités équilibrées : masculin/féminin, conscient/inconscient, matériel/spirituel.
Au lieu du livre traditionnel, elle tient un rouleau marqué "TORA" (Torah), soulignant la dimension de connaissance sacrée et cachée. Ce parchemin partiellement dissimulé suggère que certains enseignements ne peuvent être révélés qu'aux personnes prêtes à les recevoir.
Les colonnes noires et blanches encadrant la Grande-Prêtresse portent les lettres "B" et "J", pour Boaz et Jachin, les piliers légendaires du Temple de Salomon à Jérusalem. Cette référence biblique renforce l'idée que la carte garde l'entrée du sanctuaire le plus sacré.
Le rideau brodé de grenades et de palmiers cache le Saint des Saints, le lieu le plus secret du temple. La Grande-Prêtresse se tient exactement à la frontière entre le monde visible et le monde invisible, entre la connaissance ordinaire et la sagesse initiatique.
Dans son livre "La Clé Pictoriale du Tarot", Waite ne tarit pas d'éloges sur cette carte. Il l'appelle tour à tour l'Église Secrète, la Shekinah (présence divine féminine dans la Kabbale), l'épouse spirituelle, la mère surnaturelle, la fille des étoiles. Pour lui, "à certains égards, c'est la plus haute et la plus sainte des arcanes majeurs."
Les significations divinatoires que propose Waite reflètent cette vision mystique : secrets, mystère, sagesse, silence, futur non révélé, et femme d'importance dans la consultation. La Grande-Prêtresse devient ainsi l'incarnation parfaite de la spiritualité féminine et de la connaissance intuitive.
Le tarot de Bruno de Nys est un Tarot de Marseille moderne, revu et complété. Certains détails comme les clés, la tiare, le visage relativement masculin du personnage n'ont pas ma préférence. Je trouve cependant le décor très intéressant. Voir la papesse encadrée par deux colonnes, presque recluse dans sa bibliothèque, souligne parfaitement la dimension de recherche intérieure de la carte. Les rayons du soleil qui traversent les deux lucarnes pour éclairer le visage, évoquent l'idée que la dimension extérieure et l'expérience concrète de la vie vient éclairer et développer notre sagesse, notre vie intérieure.
J'aime dans cette carte l'évocation de la dichotomie dans laquelle vivent les femmes : Elles doivent rester belles et séduisantes, tandis qu'elles demeurent sérieuses et professionnelles au travail, tandis qu'elles sont dévouées à s'occuper de leurs enfants, tandis qu'elles gèrent leur foyer et s'occupent de l'entretien de la maison. La Grande Prêtresse défilant sous les yeux des hommes peut évoquer ce paradoxe de la femme moderne occidentale. La pilosité du personnage peut aussi montrer sa liberté de pensée et d'action en tant que femme éminemment spirituelle. Mais il faut dire que cet aspect est commun à tous les personnages féminins de ce tarot, donc au finalement le "droit aux poils" est peut-être ici vidé de son sens.
Avec le Mad House tarot, nous avons peut-être une approche moins sulfureuse que l'Exotic Cancer Tarot à propos de l'évocation de la féminité du personnage le plus spirituel du tarot. Ici, la Grande Prêtresse dévoile avec parcimonie sa nudité. Elle montre un corps voluptueux bien loin des canons décharnés de la beauté (qui fort heureusement sont désormais remis en cause). Ce corps est peut-être celui d'une femme enceinte, rappelant la notion de gestation inhérente à cette carte. La femme ne se dévoile que partiellement, dénotant à la fois d'une vraie pudeur (sans provocation) et aussi du mystère, de l'inconnu restant à découvrir et à élucider. Car pour cheminer vers la vérité et la connaissance intérieure, il faut se voir tel que l'on est, nu.e comme au premier jour.
J'aime les multiples yeux du personnages, insistant sur la lucidité et la vision dont il faut se doter. Chercher à mieux voir, tous les aspects du monde et partout. Il faut cependant noter que ces yeux multiples sont caractéristiques de tous les personnages de ce tarot, pas seulement de cette carte. Dommage.
La Grande Prêtresse prenant son bain dans une eau relativement opaque, me renvoie à l'idée d'un personnage plongeant dans le mystère et les abimes de son être. Cette eau pratiquement insondable, peut évoquer l'inconscient du personnage, son intériorité émotionnelle, puisqu'il s'agit de l'élément Eau bien sûr. Dans son introspection, la Papesse évoque sans nul doute, à travers la recherche de la connaissance de soi, le développement de ses émotions. Et à la fin du voyage du Fou, particulièrement avec les cartes de La Maison Dieu, L'Etoile et La lune, l'intelligence émotionnelle est primordiale.
Peut-être de manière plus directe et claire que ne le fait le Tarot Del Fuego avec ses yeux multiple, l'oeil sur le front de la Grande Prêtresse symbolise le 3ème oeil. Cet oeil parle du processus de prise de conscience, de la connaissance de soi. Même si ce symbole est issu de cultures orientales, bien loin de la tradition judéo-chrétienne du Tarot de Marseille, il est tout-même très pertinent pour porter les aspects fondamentaux de la Papesse.
Des mots-clés pour les 78 cartes pour le Tarot de Marseille et le Rider-Waite-Smith, à glisser dans votre deck favori. Vos dépliants toujours avec vous, à portée de main, pour vos guider dans vos tirages. Grâce à eux, vos interprétations gagnent en richesse et en finesse.
Dès que l'on parle d'intériorité, les gens font l'association rapidement avec la Lune. Ce qui fait sens bien sûr. Mais l'astre lunaire est un symbole certes puissant, mais aussi fourre-tout, utilisé à toutes les sauces. Je ne suis pas convaincu de son usage à travers la carte de la Papesse, pour plusieurs raisons.
D'abord, si la Grande Prêtresse devient une carte lunaire. Que devient la carte de Lune ? Quelle sera sa portée, sa dimension symbolique ? Dans l'usage d'un outil divinatoire, il est important que les domaines d'interprétation des cartes ne se recouvrent pas. En effet, il faut éviter d'exprimer les mêmes aspects symboliques au travers de cartes pourtant différentes, au risque de fournir des interprétations nébuleuses. Un aspect essentiel de l'apprentissage du tarot est d'être capable d'isoler la signification de chaque carte de manière unique. Cette démarche permet de gagner en précision et en clarté, même si je l'avoue, elle est exigeante. Waite mélange allègrement des symboles d'origines bien différentes, le tout formant un nuage de vérités ne véhiculant aucun message clair, précis et synthétique.
La Papesse est avant tout une carte d'introspection, de recherche, de gestation. Elle est un personnage à l'écoute de son ressenti, ce qui est différent de l'intuition. La Papesse sait lire entre les lignes du texte sous ses yeux. Mais ici on parle d'une lucidité s'appuyant sur la compréhension intellectuelle, le raisonnement. L'intuition est une connaissance immédiate qui va au-delà de la logique et de la raison. L'intuition est un talent qui est développé que bien plus tard durant le voyage du Fou, au moment de l'étape de la Lune justement. Dodal nomme cette carte "la pances" soit probablement "la pensée". Il s'agit donc bien des capacités intellectuelles qui sont évoquées ici.
Enfin la Torah est un livre de transmission, d'enseignement, de loi, de révélation. Le livre de la Papesse est "Son" livre, il contient sa propre identité, dont elle doit prendre conscience. Les enjeux ne sont pas les mêmes. Même si je dois admettre qu'il est bien possible que la Papesse apprenne aussi les règles du monde qui l'entoure et dans lequel elle s'apprête à cheminer. Ce livre pourrait être également un livre de lois.
Interprétation Symbolique | Sens endroit (Positif) | Intériorité, pénétration, fertilité, gestation, inconscient, foi, pureté, initiation | Sens envers (Négatif) | Dissumulation, stérélité, réserve, inertie, blocage, inhibition, vérité cachée, mystère, silence |
Interprétation Psychologique | Sens endroit (Positif) | Studieux, réfléchi, discret, prudent, pudique, innocent, croyant | Sens envers (Négatif) | Introverti, solitaire, irrationnel, impatient |
Conseil | |
Prends patience pour approfondir. Étudie les règles et les normes. Pénètre, comprends les mystères et les mécanismes du monde. Muris ton envie. Écoute ta voix intérieure. Planifie et organise ton projet. Attends le bon moment et la bonne opportunité. Ressource-toi ! | |
Interprétation Thématique | Amour | Premiers émois ou doutes intérieurs. Amitié se changeant en amour. Amour naissant ou secret. Sentiment profond et/ou non révélé. Célibat assumé ou contrarié. Timidité maladive | Travail | Ambition qui mûrit. Formation ou recherche d'emploi. Dissumulation dans l'entourage professionnel. Planification irréaliste. Mission confidentielle. Ferveur dans le travail. Longues études | Argent | Etude de marché ou d'investissements. Analyse comptable. Argent dissimulé ou bloqué en banque. Réserve d'argent. Foi ou perte de confiance en les marchés financiers | Famille / Amitiés | Réflexion sur ses liens familiaux. Apprentissage des normes sociales. Foi ou perte de confiance en sa famille. Secret de famille. Nouvelles à venir. Ecrire à sa famille | Santé | Enceinte. Baisse de forme. Incubation d'une maladie. Travail ou blocage au niveau de l'inconscient. Rêves multiples et/ou clairvoyants. Introspection intérieure |
Divination / Prédictif | Qui ? | Une grand-mère. Une femme agée. Une femme spirituelle. Une personne isolée ou célibataire | Où ? | Un lieu clos ou isolé. Une bibliothèque. Un lieu de receuillement ou d'apprentissage. Un monastère | Quand ? | Un événement ou une naissance à venir. Une période de stage ou d'apprentissage. Une retraite spirituelle | Comment ? | En réfléchissant ou en méditant. En étudiant ou en se formant. En écoutant son ressenti. A travers un rêve. En écrivant |
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