Le Bateleur/Le Magicien est la première carte du Tarot, et il représente le commencement, le potentiel, et la manifestation des idées dans le monde matériel. La carte est porteuse d'énergie positive et de possibilités. Il vous invite à être actif, à faire preuve de créativité, à être débrouillard et à saisir les opportunités pour atteindre vos objectifs. C'est le symbole du commencement, du potentiel, de la volonté d'apprendre et de la capacité à manifester vos désirs dans le monde matériel. Gardez à l'esprit que le Bateleur/le Magicien vous rappelle également l'importance de la confiance en soi et de la persévérance pour réussir dans vos entreprises.
Le bateleur était au Moyen-Âge un jongleur sans caractère bien déterminé. Aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles, les amuseurs étaient en grand honneur, soit sur la place publique, soit dans les châteaux. D'un nom générique, ces amuseurs publics étaient appelés jongleurs. Ils étaient nomades, et tantôt accompagnaient les trouvères ou les troubadours, tantôt allaient seuls. Les bateleurs étaient plus spécialement accoutumés à faire rire la foule sur les tréteaux. Ils étaient en quelque sorte des faiseurs de tours et même des montreurs de bêtes, ce que nous appelons aujourd'hui des artistes forains. Jongleurs et bateleurs étaient un élément indispensable des fêtes publiques et aussi des grandes fêtes seigneuriales. Le mot basteleur semble avoir été créé vers le XIIIe siècle, mais l'origine des jongleurs et bateleurs est la même que celle du goût de la foule pour les spectacles de la foire. Nés sur le sol français, ils descendaient en droite ligne de la décadence grecque et latine.
Il est vraiment intéressant que parmi les premières versions du Bateleur, certaines cartes aient pu faire apparaître un homme vêtu d'un costume de bouffon. Ci-contre, on peut distinguer un bonnet avec des grelots. A noter que sur la feuille de Rosenwald, il manque une représentation de la carte du Fou. Donc si Le Bateleur, nous ne savons pas, quelle représentation était donné au Fou. Il est bien possible que la carte ait pu faire apparaître un homme défroqué, réellement fou, ce que n'est pas un bouffon.
Ceci-dit, sur la feuille de Cary, Le Bateleur n'a pas les attributs du Bouffon. Il semble bien que dès le départ, le Bateleur du Tarot n'ait pas été réellement vu comme un amuseur mais davantage comme un prestidigitateur, en mettant en avant son habilité à manipuler les objets devant lui. Et cette agilité était d'autant plus symbolique que sur la carte des tarots Visconti, on retrouve sans doute possible, les 4 objets denier, bâton, couteau, coupe liés aux 4 Eléments.
Avec le Tarot anonyme de Paris, la forme est loin d'être définitive. Nous observons une énième représentation du Bateleur.
Ce n'est qu'avec l'arrivée du Tarot de Jean Noblet (de celui de Jacques Vieiville de la même époque) que Le Bateleur ressemble clairement à la forme canonique, et ajoute un aspect fondamental : la table à 3 pieds qui sort du cadre. Cette manière de représenter la table évoque un Bateleur incomplet, qui n'est pas fini, et qui ne demande qu'à grandir. La jeune plante qui apparaît entre les pieds du Bateleur souligne elle aussi la jeunesse et l'inexpérience de l'homme. La carte incarne la débrouillardise, exhortant le consultant à faire preuve d'ingéniosité pour résoudre les défis et tirer parti des ressources disponibles.
Concernant le doigt d'honneur du jeune homme, dessiné semble avec la forme d'une verge, beaucoup de commentateurs évoque un geste à l'encontre de l'administration fiscale qui ordonnait la destruction annuelle des moules en bois, pour contrôler plus facilement les productions déclarées par les maîtres cartiers. Je ne partage pas vraiment cet avis. L'intelligence et surtout la finesse d'esprit qui parcourent les images de Jean Noblet, me font penser qu'il était un érudit qui avait beaucoup de recul sur sa propre existence, et pas mal d'humour aussi. Il me semble que par son doigt d'honneur, Jean Noblet nous rappelle une de ces grandes vérités, peut-être même les deux : 1) La vie est un jeu 2) Moque-toi de l'opinion des autres.
Par la suite, la plante entre les pieds du Bateleur pourra prendre une forme bien particulière, que l'on peut considérer semblable à l'apparence d'un cactus. Il semble pertinent de remarquer que l'allure de ce cactus peut évoquer le sexe féminin par lequel serait sorti le jeune Bateleur, les lignes du sol dessinant plus ou moins adroitement les jambes de sa mère.
Le Tarot R-W-S a le mérite de montrer manière explicite les objets sur la table comme des représentations des 4 enseignes latines du tarot : deniers (précisément pentacles), bâtons, épées et coupes. Il ajoute maladroitement un ouroboros à la ceinture, évoquant le caractère cyclique de la vie. J'aurais compris l'usage d'un tel symbole sur la carte de La Roue De Fortune ou celle du Monde. Mais avec le Bateleur, alors que nous sommes au commencement de tout, que tout reste à faire, pourquoi déjà parler de la nature cyclique du chemin ? Mais il est vrai que Waite voit en ce symbole davantage "un signe d'éternité" selon ses termes, accentuant ma perplexité.
La carte se focalise sur le fait que le voyageur a un vrai pouvoir magique, infini, s'il veut il peut accomplir tout son potentiel. Elle souligne l'importance de la communication persuasive et de la maîtrise des mots pour influencer positivement son environnement.
Avec cette carte, j'aime bien que l'idée que le Bateleur/Magicien ne soit ni entier, ni fini. Il semble composé de multiples fils rouge qui sont autant de brin de vie, autant d'expériences passés bonnes ou mauvaises. Il nous faut tisser ou tricoter ces fils pour devenir une personne unifiée, cohérente, solide et ne pas être un brouillon quelque peu chaotique comme semble nous montrer la carte. En ce sens, j'aime ce concept du Bateleur qui n'est qu'une esquisse de lui-même.
Alors oui, au prima bord on peut voir en ce Bateleur/Magicien soit un vendeur qui essaie de nous vendre n'importe quoi, même une machine à laver, à l'instar du Bateleur de la Renaissance qui pouvait user de tours de passe-passe pour soutirer quelques deniers aux passants un peu naïfs. Il pourrait s'agir aussi d’une espèce de magicien qui tente de nous convaincre que sa machine lave plus blanc que blanc, me rappelant les publicités de mon enfance. Toujours est-il, j'aime l'idée que le Bateleur ait à laver son linge sale. Que le voyage du fou, ce périple que va mener le Bateleur, est un chemin spirituel, pour trouver "l'illumination". Mais peut-être est-il simplement un chemin pour se purifier, pour se laver et se guérir de nos blessures et de nos actes manqués. Dans cet optique, la machine à laver prend tout son sens.
Avec cette version, nous sommes extrêmement proches d'une représentation historique de ce qu'étaient les bateleurs, comme expliqués dans le paragraphe de la genèse de la carte, au début de cet article. Ici, nous observons davantage un jongleur, qu'un magicien. Le Bateleur se doit d'apprendre à maîtriser les 4 Eléménts, et se faisant se doter de multiples compétences et talents qu'il va obtenir le long de son chemin. J'aime donc ce Bateleur à plusieurs bras qui représentent ses nombreux talents en devenir.
Ce qui retient mon attention dans cette carte est d'abord son nom : le Shaman. Il nous renvoie à l'idée de transmission mais surtout d'initiation à un "art spirituel", j'utilise cette expression car je ne souhaite pas employer les termes de "art secret", "art occulte", "art ésotérique". Et le voyage du fou à travers les 22 cartes de la série d'atout est en effet un chemin initiatique. Bien sûr, la carte prend le parti de montrer le maître et non son disciple, son apprenti. Quelque part, il aurait été plus pertinent de montrer le Shaman sur la carte de La Papesse ou la carte du Pape. Cependant, signifier sans ambiguïté sur la première carte de la série, que le contenu du Tarot parle d'un voyage initiatique, est sans doute un message plus clair que celui du Bateleur du Tarot de Marseille.
Avec cette carte, j'aime l'idée que le Bateleur/Magicien n'ait pas une table, mais un clavier de piano devant lui. C'est assez joliment pensé que le Bateleur doit agencer et construire sa vie comme on compose une symphonie musicale. Il y a un cadre et des normes à respecter, comme il y a un cahier de musique avec portées sur lequel écrire. Il y a des vérités absolues, des principes avec lesquels on ne peut transiger, comme apposer une clé de sol en début de partition. Il y a un savoir vivre à apprendre, comme il y a des accords et des mélodies qui sont plus harmonieux que d'autres.
Des mots-clés pour les 78 cartes pour le Tarot de Marseille et le Rider-Waite-Smith, à glisser dans votre deck favori. Vos dépliants toujours avec vous, à portée de main, pour vos guider dans vos tirages. Grâce à eux, vos interprétations gagnent en richesse et en finesse.
Le Bateleur n'est pas un magicien ! Il ne fait pas de magie, il est un prestidigitateur, en termes clairs : il est une personne qui, par son adresse, des manipulations, des trucages, produit des illusions magiques en faisant disparaître, apparaître, changer de place ou d'aspect des objets. On pourrait dire de lui qu'il est un escamoteur ou un illusionniste. D'abord, produire des illusions, ce n'est pas ce qu'ont retenu les maîtres cartiers français de la Renaissance. Ces érudits ont d'abord voulu montrer à la première étape du voyage spirituel, que cette aventure s'adressait à tout le monde, car le Bateleur est issu du bas peuple, il est même plutôt pauvre. Le Bateleur est un itinérant par nature, un rôle social parfait pour suggérer l'idée de voyage. Enfin le Bateleur fait preuve de beaucoup d'agilité, et il en faut pour apprendre à maîtriser les 4 Elements. Voilà donc les 3 aspects essentiels du métier de bateleur qu'ont retenu les maîtres cartiers. Il n'est pas un magicien, dans le sens où il n'a pas de pouvoir magique, il ne fait pas de miracles, même faire des illusions sort des concepts initiaux de la carte. Il n'est pas magicien, car il ne fait pas parti d'une élite, il n'a reçu aucune connaissance secrète. Pire que cela, il a encore beaucoup de choses à apprendre, alors que le titre de magicien sous-entend qu'il a acquis la maîtrise de son art. Son but n'est pas de relier ou de connecter la Terre et le Ciel comme montre sa gestuelle sur la carte R-W-S. Non, son but est de devenir lui-même, de devenir Un, de trouver sa place dans le monde, comme le montre si bien la dernière carte du voyage : Le Monde.
Beaucoup de passionnés du Tarot voit dans la forme ondulé du chapeau du Bateleur un lemniscate déguisé, c'est à dire le symbole de l'infini. Je me dois de démystifier ce fantasme et de revenir à la réalité de l'époque. Il y a eu parmi les cartiers maîtres français, de grands érudits, Jean Noblet en était un. Jean Dodal a aussi transmis des subtilités, et une interprétation personnelle tout à fait saisissante dans son tarot. Mais Jacques Vieiville, contemporain de Jean Noblet, grave son tarot avec de nombreuses fautes de français. L'Académie Française a été fondé en 1634 avec l'objectif initial d'unifier l'orthographe et les règles grammaticales de la langue française. Si 16 ans après la création de l'académie, Jean Noblet montre une réelle maîtrise du français "canonisé", Jacques Vieiville écrit encore dans un français approximatif. De plus, la gravure de son tarot est moins précise et qualitative que celle de Noblet. Bref, les maîtres cartiers français étaient pour certains des érudits mais la plupart étaient avant tout des artisans sans grande éducation à part l'apprentissage de leur savoir-faire artisanal. Et dès le début du XVIIIe siècle, c'est à dire très rapidement après la "standardisation" de la tradition française du tarot (qui deviendra Tarot dit "de Marseille" bien plus tard), les maîtres cartiers artisans laisseront la place aux maîtres cartiers marchands, achetant les moules ou les faisant reproduire à l'identique. Dès le début du XVIIIe siècle, le tarot de tradition française n'est plus un jeu de cartes à jouer avec un message spirituel, il est devenu un jeu de cartes à jouer, tout court, que l'on vend par milliers à l'export, bref il est devenu une marchandise.
Dans ce contexte, seuls des maîtres cartiers comme Jean Noblet ou Jean Dodal auraient pu placer un lemniscate sur la carte du Bateleur. Et s'ils l'avaient fait, ils ne l'auraient dissimulé discrètement dans le chapeau de l'homme. D'abord parce que la cible de ces maîtres cartiers était le "vrai" peuple, le "bas" peuple, majoritairement illettré ou analphabète, ne connaissant pas le symbole de l'infini. Et Noblet ou Dodal, quand ils ont quelque chose à dire, ils le disent de manière claire : le LL du Bateleur de Noblet n'est pas une faute, mais la signification claire qu'il a été initié par son maître. De même Dodal met un '4' sur la carte de L'Empereur, pour signifier que lui aussi a été initié par son maître. Donc si Noblet et Dodal avait voulu mettre le symbole de l'infini, ils l'auraient gravé tel quel. Bref voir un lemniscate dans le chapeau du Bateleur est un pur fantasme des temps modernes.
Allez, oublions la perspective initiale des maîtres cartiers français. Waite a-t-il raison de demander à Pamela Smith de dessiner le symbole de l'infini au-dessus de la tête du magicien ? Waite écrit dans son livre 'The Pictorial Key To The Tarot' que le lemniscate est le signe du Saint-Esprit, le signe de vie, ou encore en référence au martinisme, le 8 est le nombre du Christ. Bon on doit se rendre à l'évidence, le jour où Waite a écrit ces mots, il avait vraiment fumé ou peut-être simplement bu ... Je m'en tiendrais à l'interprétation habituelle que je lis : "Le lemniscate évoque que le magicien a un potentiel infini de réalisation" ou "Le lemniscate évoque que le magicien a un potentiel de réalisation infinie". Bon déjà, c'est plus convaincant. Oui, en effet, à travers cette carte on parle de "potentiel" en effet. Mais c'est quoi un "potentiel infini" ou une "réalisation infinie" ? Parce que là, concrètement, on parle de simplement trouver sa place dans le monde, pas de monter au Ciel ou rejoindre l'au-delà. Où est l'infini ?
Je vais être direct : simplifiez-vous la vie dans la compréhension de cette carte, oubliez le symbole de l'infini !
Interprétation Symbolique | Sens endroit (Positif) | Commencement, potentiel, jeunesse, souplesse, apprentissage, disponibilité | Sens envers (Négatif) | Début laborieux, inexpérience, incompétence, maladresse, inconscience, manque de confiance, passivité, périlité |
Interprétation Psychologique | Sens endroit (Positif) | Enthousiaste, ambitieux, spontané, audacieux, espiègle, optimiste, débrouillard | Sens envers (Négatif) | Idéaliste, imprudent, immature, insouciant, complexé, perdu, naïf, infantin, irresponsable, influençable |
Conseil | |
Donne du sens et une direction en écoutant ton cœur. Développe ton potentiel. Donne-toi une chance. Sois acteur de ta vie. Ne crains pas l’avenir. La vie est un éternel recommencement. Que chaque jour qui passe soit comme le premier jour de ta vie. Vois avec un regard neuf. Écoute comme si tu ne savais rien. Décide comme si tu n’avais jamais été blessé. | |
Interprétation Thématique | Amour | Rencontre spontanée. Début de relation. Amour de jeunesse ou insouciant. Sentiments immatures | Travail | Nouvelle mission ou ambition. Activité indépendante. Autodidacte. Difficultés dûes à l'inexpérience | Argent | Pas ou peu d'assise financière. Placement à envisager ou irréfléchi. Banquier peu scrupuleux | Famille / Amitiés | Relation ouverte. Joie en famille. Tensions à cause de maladresses. Dialogue immature | Santé | Vitalité. Nouvelle activité physique ou thérapie. Chemin de la guérison. Praticien débutant |
Divination / Prédictif | Qui ? | Un jeune homme. Un jongleur. Une personne candide ou insouciante. Un apprenant ou un débutant | Où ? | A l'école. Au marché ou à la foire. Au cirque ou à un spectacle | Quand ? | En début d'année, en début de saison. Au début d'un voyage. Très bientôt | Comment ? | En cherchant du sens. En défissant une conduite. En jonglant ou en s'adaptant. En découvrant ou en apprenant |
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