Le Bateleur/Le Magicien est la première carte du Tarot, et il représente le commencement, le potentiel, et la manifestation des idées dans le monde matériel. La carte est porteuse d'énergie positive et de possibilités. Il vous invite à être actif, à faire preuve de créativité, à être débrouillard et à saisir les opportunités pour atteindre vos objectifs. C'est le symbole du commencement, du potentiel, de la volonté d'apprendre et de la capacité à manifester vos désirs dans le monde matériel. Gardez à l'esprit que le Bateleur/le Magicien vous rappelle également l'importance de la confiance en soi et de la persévérance pour réussir dans vos entreprises.
Le bateleur était au Moyen Âge une sorte de jongleur, un faiseur de tours, un amuseur sur la place publique ou dans les fêtes seigneuriales. Il était nomade, pouvait accompagner les troubadours. Aujourd'hui nous parlerions de lui comme d'un artiste forain ou un artiste de rue. Ces hommes vivaient en marge de la société organisée. Ils ne faisaient partie d'aucune corporation, ces associations professionnelles qui protégeaient les artisans établis. Le bateleur survivait grâce à son habileté et son charisme, allant de foire en foire, de château en château.
Les techniques du bateleur étaient variées mais reposaient sur l'adresse manuelle et la tromperie. Le jeu des gobelets et de la balle était son tour le plus célèbre. Il plaçait une petite balle sous l'un de trois gobelets, les mélangeait rapidement, puis demandait aux spectateurs de deviner où se trouvait la balle. Bien sûr, grâce à des manipulations habiles, la balle n'était jamais là où on le pensait. Ce jeu servait aussi de pari : les spectateurs misaient de l'argent sur leur choix. C'était une forme primitive de bonneteau, ce jeu de cartes où l'on doit retrouver la dame parmi trois cartes mélangées.
Le bateleur maîtrisait également l'art de faire disparaître et réapparaître des objets, de couper et reconstituer des mouchoirs, ou de faire des tours avec des dés truqués. Tous ces accessoires se retrouvent sur sa table dans le Tarot de Marseille : les gobelets, les dés, les couteaux, les pièces de monnaie. Chaque objet avait sa fonction dans ses spectacles de rue.
Au-delà de sa réalité historique, le bateleur incarne un archétype universel : celui du "trickster", le personnage qui joue des tours et transgresse les règles. On retrouve cette figure dans toutes les cultures. Dans la mythologie grecque, Hermès était le dieu messager, mais aussi le patron des voleurs et des marchands. Il guidait les âmes vers l'au-delà, mais n'hésitait pas à jouer des tours aux autres dieux. Comme le bateleur, Hermès se situait entre les mondes : celui des dieux et celui des humains, celui de la vérité et celui de l'illusion.
Cette dimension universelle explique pourquoi la carte du Bateleur résonne encore aujourd'hui. Elle parle de cette part de nous qui doit apprendre à naviguer entre différents mondes, à développer notre habileté et notre débrouillardise. Le bateleur nous montre qu'il faut parfois user de ruse et d'ingéniosité pour survivre et progresser dans la vie.
L'art de l'époque témoigne de la fascination pour ces personnages ambigus. Le célèbre tableau de Jérôme Bosch "Le Prestidigitateur" (1505) montre un bateleur en pleine action, entouré de spectateurs captivés. Bosch saisit parfaitement l'essence du personnage : celui qui crée une réalité alternative et attire son public dans cette illusion.
Cette œuvre s'inspire de la tradition astrologique médiévale des "Enfants des Planètes", ces illustrations qui classaient les métiers selon l'influence des astres. Les bateleurs étaient traditionnellement associés à la Lune, planète de l'illusion et du vagabondage. Cette classification astrologique influença durablement l'iconographie du Tarot.
Bosch montre aussi l'aspect social du phénomène : le bateleur attire tous les types de public, des bourgeois aux paysans. Sa table devient une zone intermédiaire où les règles ordinaires sont suspendues et où tout devient possible, comme dans un rêve éveillé.
L'évolution sémantique du terme "Bagatto" révèle l'évolution sociale du personnage. Parti de "bagatelle" (petite chose), le mot en vient progressivement à désigner les tours de passe-passe, puis la tromperie et même la fraude. Cette dégradation du sens reflète la méfiance croissante envers ces artistes ambulants.
Au XVIe siècle, "bagattellare" signifie "faire des tours", mais aussi "tromper" ou "duper". Le bateleur n'est plus seulement un amuseur, il devient suspect d'escroquerie. Cette transformation linguistique accompagne un durcissement des attitudes sociales : ce qui était toléré comme divertissement populaire devient condamné comme pratique malhonnête.
Quand le Tarot arrive en France vers 1500, cette ambiguïté suit la carte. Le terme français "bateleur" conserve cette double nature : l'artiste de rue légitime et l'escroc potentiel. Cette richesse sémantique explique en partie la complexité symbolique de la carte dans les interprétations modernes.
Avant d'arriver en France, la carte du Bateleur naît en Italie sous le nom d'"Il Bagatto". Ce terme italien vient du mot "bagatelle", qui signifie "petite chose" ou "objet de peu de valeur". Cette étymologie révèle déjà le statut modeste du personnage : il n'est pas un grand magicien, mais un simple amuseur de rue.
Le plus ancien Bagatto connu se trouve dans le somptueux Tarot Visconti-Sforza, commandé vers 1450 par le duc de Milan. Sur cette carte peinte à la main et dorée à l'or fin, le personnage porte des vêtements élégants et un chapeau extravagant qui suggère un personnage exotique. Les objets sur sa table semblent être des balles et une coupe, outils classiques du prestidigitateur. Sa main droite plane au-dessus d'un objet rond - pièce de monnaie, chapeau de paille ou même roue de fromage selon les interprétations - tandis que la gauche tient une baguette.
Cette incertitude sur l'identité exacte des objets montre que dès l'origine, la carte laissait place à l'interprétation. Les artistes de l'époque ne cherchaient pas forcément la précision documentaire, mais plutôt l'évocation d'une atmosphère et d'un rôle social.
Les cartes plus populaires, gravées sur bois et imprimées en série, nous donnent une vision plus réaliste du bateleur. Le Tarot Estensi de la fin du XVe siècle montre un homme entouré d'enfants fascinés par ses tours. Cette scène touchante révèle l'une des facettes du métier : divertir les plus jeunes avec des spectacles innocents.
Le Tarot de Budapest, de la même époque, présente une ambiance différente. Le bateleur est entouré d'adultes dans ce qui semble être une taverne. L'atmosphère est plus trouble : s'agit-il encore d'un simple spectacle ou d'une séance de jeu truqué où l'aubergiste prend sa part des gains ? Cette ambiguïté entre divertissement et escroquerie accompagnera longtemps l'image du bateleur.
Ces premières cartes italiennes établissent déjà les éléments essentiels : un homme debout derrière une table, des objets de prestidigitation, et surtout cette position d'intermédiaire entre le spectacle innocent et la tromperie calculée.
Il est vraiment intéressant que parmi les premières versions du Bateleur, certaines cartes aient pu faire apparaître un homme vêtu d'un costume de bouffon. Ci-contre, on peut distinguer un bonnet avec des grelots. A noter que sur la feuille de Rosenwald, il manque une représentation de la carte du Fou. Donc si Le Bateleur, nous ne savons pas, quelle représentation était donnée au Fou. Il est bien possible que la carte ait pu faire apparaître un homme défroqué, réellement fou, ce que n'est pas un bouffon.
Cette confusion initiale entre Bateleur et Bouffon révèle une proximité conceptuelle : tous deux sont des marginaux qui divertissent par leurs pitreries. Mais là où le bouffon a une position officielle à la cour, le bateleur reste un vagabond sans protection.
Ceci-dit, sur la Feuille de Budapest, Le Bateleur n'a pas les attributs du Bouffon. Il semble bien que dès le départ, le Bateleur du Tarot n'ait pas été réellement vu comme un amuseur mais davantage comme un prestidigitateur, en mettant en avant son habilité à manipuler les objets devant lui. Et cette agilité était d'autant plus symbolique que sur la carte des tarots Visconti, on retrouve sans doute possible, les 4 objets denier, bâton, couteau, coupe liés aux 4 Eléments.
Cette stabilisation iconographique montre que les créateurs de Tarot avaient une vision claire : le Bateleur devait incarner la maîtrise technique et l'habileté manuelle, qualités nécessaires pour jongler avec les forces symboliques représentées par les quatre éléments.
Avec le Tarot anonyme de Paris, la forme est loin d'être définitive. Nous observons une énième représentation du Bateleur. Cette diversité des représentations au début du XVIIe siècle montre que l'iconographie n'était pas encore fixée. Chaque maître cartier apportait sa vision personnelle, créant une richesse d'interprétations qui ne se stabilisera qu'avec l'émergence du Tarot de Marseille.
Ce n'est qu'avec l'arrivée du Tarot de Jean Noblet (de celui de Jacques Viéville de la même époque) que Le Bateleur ressemble clairement à la forme canonique, et ajoute un aspect fondamental : la table à 3 pieds qui sort du cadre. Cette manière de représenter la table évoque un Bateleur incomplet, qui n'est pas fini, et qui ne demande qu'à grandir. La jeune plante qui apparaît entre les pieds du Bateleur souligne elle aussi la jeunesse et l'inexpérience de l'homme. La carte incarne la débrouillardise, exhortant le consultant à faire preuve d'ingéniosité pour résoudre les défis et tirer parti des ressources disponibles.
Concernant le doigt d'honneur du jeune homme, dessiné semble avec la forme d'une verge, beaucoup de commentateurs évoque un geste à l'encontre de l'administration fiscale qui ordonnait la destruction annuelle des moules en bois, pour contrôler plus facilement les productions déclarées par les maîtres cartiers. Je ne partage pas vraiment cet avis. L'intelligence et surtout la finesse d'esprit qui parcourent les images de Jean Noblet, me font penser qu'il était un érudit qui avait beaucoup de recul sur sa propre existence, et pas mal d'humour aussi. Il me semble que par son doigt d'honneur, Jean Noblet nous rappelle une de ces grandes vérités, peut-être même les deux : 1) La vie est un jeu 2) Moque-toi de l'opinion des autres.
Par la suite, la plante entre les pieds du Bateleur pourra prendre une forme bien particulière, que l'on peut considérer semblable à l'apparence d'un cactus. Il semble pertinent de remarquer que l'allure de ce cactus peut évoquer le sexe féminin par lequel serait sorti le jeune Bateleur, les lignes du sol dessinant plus ou moins adroitement les jambes de sa mère.
À partir du XIXe siècle, les occultistes européens transforment radicalement l'image du Bateleur. Ce qui était un simple artiste de rue devient un "Magicien" aux pouvoirs surnaturels. Cette mutation s'accompagne de l'ajout de nouveaux symboles qui n'existaient pas dans les versions historiques.
Le symbole de l'infini, ou lemniscate, fait son apparition au-dessus de la tête du personnage. Ce signe mathématique, en forme de huit couché, était totalement absent des Tarots de Marseille traditionnels. Les occultistes l'interprètent comme le signe d'un pouvoir illimité ou d'une sagesse éternelle. Mais comme je l'ai expliqué précédemment, voir un lemniscate dans le chapeau ondulé du Bateleur traditionnel relève du pur fantasme moderne.
L'ouroboros, ce serpent qui se mord la queue, apparaît également sur certaines versions. Ce symbole alchimique évoque les cycles éternels et la régénération. Là encore, il s'agit d'un ajout tardif qui ne correspond à aucune tradition cartière française ou italienne.
Les versions modernes modifient aussi la gestuelle du personnage. Dans le Tarot de Marseille, le Bateleur regarde de côté et manipule ses objets avec une certaine désinvolture. Les versions occultistes le transforment en officiant solennel : une main pointée vers le ciel, l'autre vers la terre, dans une posture qui évoque les rituels de magie cérémonielle.
Cette gestuelle prétend montrer le Magicien "reliant le Ciel et la Terre" ou "canalisant les énergies cosmiques". Elle s'inspire des postures rituelles des sociétés secrètes du XIXe siècle, mais n'a aucun rapport avec l'iconographie historique du bateleur médiéval.
Ces modifications gestuelles transforment complètement le sens de la carte. Le vagabond débrouillard devient un prêtre-magicien, l'artiste de rue devient un initié aux mystères cosmiques. Cette évolution reflète les préoccupations spirituelles de l'époque moderne, mais elle s'éloigne considérablement des intentions des créateurs originaux.
Les versions modernes organisent souvent ces objets de manière très ordonnée : une coupe, une épée, un pentacle et un bâton disposés symétriquement. Cette présentation ritualisée contraste avec le désordre apparent des objets dans les versions historiques, où ils semblaient plutôt jetés au hasard sur la table du saltimbanque.
Ces ajouts symboliques modernes ne sont pas "faux" en soi. Ils témoignent de la vitalité du symbole, de sa capacité à évoluer et à s'enrichir selon les époques. Le lemniscate, l'ouroboros et la gestuelle initiatique parlent aux pratiquant.e.s contemporain.e.s du Tarot, même s'ils n'étaient pas présents dans les versions originales.
L'important est de distinguer ce qui relève de la tradition historique et ce qui appartient aux réinterprétations modernes. Cette distinction permet une pratique plus consciente et plus authentique du Tarot, où chaque symbole est compris dans son contexte d'apparition.
Le Bateleur moderne synthétise ainsi plusieurs couches de sens : l'artiste débrouillard du Moyen Âge, le magicien initié du XIXe siècle, et le manipulateur d'énergies du XXe siècle. Cette richesse symbolique explique pourquoi la carte continue de fasciner et d'inspirer les lecteur.s contemporain.e.s.
Avec cette carte, j'aime bien que l'idée que le Bateleur/Magicien ne soit ni entier, ni fini. Il semble composé de multiples fils rouge qui sont autant de brin de vie, autant d'expériences passés bonnes ou mauvaises. Il nous faut tisser ou tricoter ces fils pour devenir une personne unifiée, cohérente, solide et ne pas être un brouillon quelque peu chaotique comme semble nous montrer la carte. En ce sens, j'aime ce concept du Bateleur qui n'est qu'une esquisse de lui-même.
Alors oui, au prima bord on peut voir en ce Bateleur/Magicien soit un vendeur qui essaie de nous vendre n'importe quoi, même une machine à laver, à l'instar du Bateleur de la Renaissance qui pouvait user de tours de passe-passe pour soutirer quelques deniers aux passants un peu naïfs. Il pourrait s'agir aussi d’une espèce de magicien qui tente de nous convaincre que sa machine lave plus blanc que blanc, me rappelant les publicités de mon enfance. Toujours est-il, j'aime l'idée que le Bateleur ait à laver son linge sale. Que le voyage du fou, ce périple que va mener le Bateleur, est un chemin spirituel, pour trouver "l'illumination". Mais peut-être est-il simplement un chemin pour se purifier, pour se laver et se guérir de nos blessures et de nos actes manqués. Dans cet optique, la machine à laver prend tout son sens.
Avec cette version, nous sommes extrêmement proches d'une représentation historique de ce qu'étaient les bateleurs, comme expliqués dans le paragraphe de la genèse de la carte, au début de cet article. Ici, nous observons davantage un jongleur, qu'un magicien. Le Bateleur se doit d'apprendre à maîtriser les 4 Eléménts, et se faisant se doter de multiples compétences et talents qu'il va obtenir le long de son chemin. J'aime donc ce Bateleur à plusieurs bras qui représentent ses nombreux talents en devenir.
Ce qui retient mon attention dans cette carte est d'abord son nom : le Shaman. Il nous renvoie à l'idée de transmission mais surtout d'initiation à un "art spirituel", j'utilise cette expression car je ne souhaite pas employer les termes de "art secret", "art occulte", "art ésotérique". Et le voyage du fou à travers les 22 cartes de la série d'atout est en effet un chemin initiatique. Bien sûr, la carte prend le parti de montrer le maître et non son disciple, son apprenti. Quelque part, il aurait été plus pertinent de montrer le Shaman sur la carte de La Papesse ou la carte du Pape. Cependant, signifier sans ambiguïté sur la première carte de la série, que le contenu du Tarot parle d'un voyage initiatique, est sans doute un message plus clair que celui du Bateleur du Tarot de Marseille.
Avec cette carte, j'aime l'idée que le Bateleur/Magicien n'ait pas une table, mais un clavier de piano devant lui. C'est assez joliment pensé que le Bateleur doit agencer et construire sa vie comme on compose une symphonie musicale. Il y a un cadre et des normes à respecter, comme il y a un cahier de musique avec portées sur lequel écrire. Il y a des vérités absolues, des principes avec lesquels on ne peut transiger, comme apposer une clé de sol en début de partition. Il y a un savoir vivre à apprendre, comme il y a des accords et des mélodies qui sont plus harmonieux que d'autres.
Des mots-clés pour les 78 cartes pour le Tarot de Marseille et le Rider-Waite-Smith, à glisser dans votre deck favori. Vos dépliants toujours avec vous, à portée de main, pour vos guider dans vos tirages. Grâce à eux, vos interprétations gagnent en richesse et en finesse.
Le Bateleur n'est pas un magicien ! Il ne fait pas de magie, il est un prestidigitateur, en termes clairs : il est une personne qui, par son adresse, des manipulations, des trucages, produit des illusions magiques en faisant disparaître, apparaître, changer de place ou d'aspect des objets. On pourrait dire de lui qu'il est un escamoteur ou un illusionniste. D'abord, produire des illusions, ce n'est pas ce qu'ont retenu les maîtres cartiers français de la Renaissance. Ces érudits ont d'abord voulu montrer à la première étape du voyage spirituel, que cette aventure s'adressait à tout le monde, car le Bateleur est issu du bas peuple, il est même plutôt pauvre. Le Bateleur est un itinérant par nature, un rôle social parfait pour suggérer l'idée de voyage. Enfin le Bateleur fait preuve de beaucoup d'agilité, et il en faut pour apprendre à maîtriser les 4 Elements. Voilà donc les 3 aspects essentiels du métier de bateleur qu'ont retenu les maîtres cartiers. Il n'est pas un magicien, dans le sens où il n'a pas de pouvoir magique, il ne fait pas de miracles, même faire des illusions sort des concepts initiaux de la carte. Il n'est pas magicien, car il ne fait pas parti d'une élite, il n'a reçu aucune connaissance secrète. Pire que cela, il a encore beaucoup de choses à apprendre, alors que le titre de magicien sous-entend qu'il a acquis la maîtrise de son art. Son but n'est pas de relier ou de connecter la Terre et le Ciel comme montre sa gestuelle sur la carte R-W-S. Non, son but est de devenir lui-même, de devenir Un, de trouver sa place dans le monde, comme le montre si bien la dernière carte du voyage : Le Monde.
Beaucoup de passionnés du Tarot voit dans la forme ondulé du chapeau du Bateleur un lemniscate déguisé, c'est à dire le symbole de l'infini. Je me dois de démystifier ce fantasme et de revenir à la réalité de l'époque. Il y a eu parmi les cartiers maîtres français, de grands érudits, Jean Noblet en était un. Jean Dodal a aussi transmis des subtilités, et une interprétation personnelle tout à fait saisissante dans son tarot. Mais Jacques Viéville, contemporain de Jean Noblet, grave son tarot avec de nombreuses fautes de français. L'Académie Française a été fondé en 1634 avec l'objectif initial d'unifier l'orthographe et les règles grammaticales de la langue française. Si 16 ans après la création de l'académie, Jean Noblet montre une réelle maîtrise du français "canonisé", Jacques Viéville écrit encore dans un français approximatif. De plus, la gravure de son tarot est moins précise et qualitative que celle de Noblet. Bref, les maîtres cartiers français étaient pour certains des érudits mais la plupart étaient avant tout des artisans sans grande éducation à part l'apprentissage de leur savoir-faire artisanal. Et dès le début du XVIIIe siècle, c'est à dire très rapidement après la "standardisation" de la tradition française du tarot (qui deviendra Tarot dit "de Marseille" bien plus tard), les maîtres cartiers artisans laisseront la place aux maîtres cartiers marchands, achetant les moules ou les faisant reproduire à l'identique. Dès le début du XVIIIe siècle, le tarot de tradition française n'est plus un jeu de cartes à jouer avec un message spirituel, il est devenu un jeu de cartes à jouer, tout court, que l'on vend par milliers à l'export, bref il est devenu une marchandise.
Dans ce contexte, seuls des maîtres cartiers comme Jean Noblet ou Jean Dodal auraient pu placer un lemniscate sur la carte du Bateleur. Et s'ils l'avaient fait, ils ne l'auraient dissimulé discrètement dans le chapeau de l'homme. D'abord parce que la cible de ces maîtres cartiers était le "vrai" peuple, le "bas" peuple, majoritairement illettré ou analphabète, ne connaissant pas le symbole de l'infini. Et Noblet ou Dodal, quand ils ont quelque chose à dire, ils le disent de manière claire : le LL du Bateleur de Noblet n'est pas une faute, mais la signification claire qu'il a été initié par son maître. De même Dodal met un '4' sur la carte de L'Empereur, pour signifier que lui aussi a été initié par son maître. Donc si Noblet et Dodal avait voulu mettre le symbole de l'infini, ils l'auraient gravé tel quel. Bref voir un lemniscate dans le chapeau du Bateleur est un pur fantasme des temps modernes.
Allez, oublions la perspective initiale des maîtres cartiers français. Waite a-t-il raison de demander à Pamela Smith de dessiner le symbole de l'infini au-dessus de la tête du magicien ? Waite écrit dans son livre 'The Pictorial Key To The Tarot' que le lemniscate est le signe du Saint-Esprit, le signe de vie, ou encore en référence au martinisme, le 8 est le nombre du Christ. Bon on doit se rendre à l'évidence, le jour où Waite a écrit ces mots, il avait vraiment fumé ou peut-être simplement bu ... Je m'en tiendrais à l'interprétation habituelle que je lis : "Le lemniscate évoque que le magicien a un potentiel infini de réalisation" ou "Le lemniscate évoque que le magicien a un potentiel de réalisation infinie". Bon déjà, c'est plus convaincant. Oui, en effet, à travers cette carte on parle de "potentiel" en effet. Mais c'est quoi un "potentiel infini" ou une "réalisation infinie" ? Parce que là, concrètement, on parle de simplement trouver sa place dans le monde, pas de monter au Ciel ou rejoindre l'au-delà. Où est l'infini ?
Je vais être direct : simplifiez-vous la vie dans la compréhension de cette carte, oubliez le symbole de l'infini !
Interprétation Symbolique | Sens endroit (Positif) | Commencement, potentiel, jeunesse, souplesse, apprentissage, disponibilité | Sens envers (Négatif) | Début laborieux, inexpérience, incompétence, maladresse, inconscience, manque de confiance, passivité, périlité |
Interprétation Psychologique | Sens endroit (Positif) | Enthousiaste, ambitieux, spontané, audacieux, espiègle, optimiste, débrouillard | Sens envers (Négatif) | Idéaliste, imprudent, immature, insouciant, complexé, perdu, naïf, infantin, irresponsable, influençable |
Conseil | |
Donne du sens et une direction en écoutant ton cœur. Développe ton potentiel. Donne-toi une chance. Sois acteur de ta vie. Ne crains pas l’avenir. La vie est un éternel recommencement. Que chaque jour qui passe soit comme le premier jour de ta vie. Vois avec un regard neuf. Écoute comme si tu ne savais rien. Décide comme si tu n’avais jamais été blessé. | |
Interprétation Thématique | Amour | Rencontre spontanée. Début de relation. Amour de jeunesse ou insouciant. Sentiments immatures | Travail | Nouvelle mission ou ambition. Activité indépendante. Autodidacte. Difficultés dûes à l'inexpérience | Argent | Pas ou peu d'assise financière. Placement à envisager ou irréfléchi. Banquier peu scrupuleux | Famille / Amitiés | Relation ouverte. Joie en famille. Tensions à cause de maladresses. Dialogue immature | Santé | Vitalité. Nouvelle activité physique ou thérapie. Chemin de la guérison. Praticien débutant |
Divination / Prédictif | Qui ? | Un jeune homme. Un jongleur. Une personne candide ou insouciante. Un apprenant ou un débutant | Où ? | A l'école. Au marché ou à la foire. Au cirque ou à un spectacle | Quand ? | En début d'année, en début de saison. Au début d'un voyage. Très bientôt | Comment ? | En cherchant du sens. En défissant une conduite. En jonglant ou en s'adaptant. En découvrant ou en apprenant |
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