Le Soleil occupe une place centrale dans l'art et les croyances humaines depuis des millénaires. Cette fascination universelle trouve ses racines dans le fait que notre étoile représente la source même de la vie> sur Terre. Toutes les civilisations, qu'elles soient occidentales, orientales ou africaines, ont développé des représentations artistiques du Soleil qui témoignent de son importance spirituelle et symbolique.
Dans l'Antiquité gréco-romaine, le Soleil prend les traits d'Hélios ou d'Apollon, ces divinités majestueuses qui traversent le ciel dans un char tiré par quatre chevaux blancs. Cette image du char solaire symbolise le mouvement perpétuel du temps et le cycle quotidien de la lumière. Les artistes de l'époque représentaient ces dieux couronnés de rayons lumineux, incarnant ainsi la puissance, la clarté et la vitalité divine.
L'Égypte ancienne nous offre une autre vision fascinante avec Rê, le dieu solaire coiffé d'un disque doré. Les représentations égyptiennes associent souvent le Soleil au scarabée ou au faucon, créant des liens symboliques profonds avec les thèmes de renaissance et de régénération. Cette iconographie influence encore aujourd'hui notre compréhension du Soleil comme force de renouveau.
L'Asie orientale développe ses propres codes artistiques autour du Soleil. En Chine, au Japon et en Corée, la mythologie évoque un corbeau à trois pattes qui porte le soleil dans ses griffes. Cette créature mystique symbolise non seulement la lumière et la vie, mais aussi le contrôle du temps et des saisons. Au Japon, Amaterasu, la déesse solaire, règne comme divinité suprême du panthéon shintoïste, témoignant de l'importance accordée à l'énergie solaire dans la spiritualité japonaise.
Ces représentations orientales apportent une dimension particulière : elles insistent sur l'aspect cyclique et rythmique de l'influence solaire, préparant le terrain à des interprétations plus subtiles de la symbolique solaire.
L'Occident médiéval et renaissant perpétue cette tradition en adaptant la symbolique solaire au contexte chrétien et royal. Le Soleil devient un emblème de pouvoir divin et terrestre. Les enluminures, fresques et vitraux des cathédrales intègrent naturellement des motifs solaires, souvent associés à la lumière divine ou à la vérité révélée.
L'exemple le plus célèbre reste celui de Louis XIV, le Roi-Soleil, qui fait du Soleil son emblème personnel. Cette identification royale transforme l'astre en symbole d'autorité suprême et de légitimité du pouvoir. L'architecture et les arts décoratifs de Versailles témoignent encore aujourd'hui de cette appropriation symbolique.
Une des représentations les plus touchantes du Soleil dans l'art consiste à lui donner un visage humain. Cette anthropomorphisation, que l'on retrouve dans les fresques antiques, les vitraux médiévaux et même sur les monnaies, répond à un besoin profondément humain : celui d'établir une relation personnelle avec les forces cosmiques.
Le disque solaire orné d'yeux, d'un nez et d'une bouche exprime la bienveillance et la conscience attribuées à l'astre. Cette représentation suggère que le Soleil ne se contente pas d'éclairer mécaniquement le monde : il voit, comprend et veille sur l'humanité. Les rayons qui entourent ce visage alternent souvent entre des formes droites, symbolisant la lumière pure, et ondulées, évoquant la chaleur vivifiante.
Le motif du Soleil rayonnant traverse toutes les époques artistiques. Des symboles mésopotamiens aux emblèmes royaux, cette représentation exprime l'idée de rayonnement au sens littéral et métaphorique. Les rayons triangulaires évoquent la lumière directe et la clarté mentale, tandis que les rayons ondulés suggèrent la chaleur et l'énergie vitale qui circule.
Cette iconographie influence directement les représentations religieuses : les auréoles et nimbes qui entourent les têtes des saints dans l'art chrétien dérivent directement de cette tradition solaire païenne. L'art byzantin développe particulièrement cette symbolique, créant des mosaïques où la lumière dorée évoque l'illumination spirituelle.
L'Italie de la Renaissance constitue le berceau du tarot, et les premières cartes LE SOLEIL témoignent d'une créativité remarquable. Vers 1475, à la cour du Duc et de la Duchesse de Milan, les artistes.es créent une carte peinte à la main qui révèle une approche sophistiquée de la symbolique solaire. Cette œuvre présente un putto (enfant ailé de la mythologie antique) traversant le ciel sur un nuage, tenant au-dessus de sa tête le masque d'Hélios, le dieu grec du soleil.
Cette représentation fascinante mélange tradition chrétienne et mythologie antique d'une manière typique de la Renaissance italienne. Le putto, figure familière de l'art religieux, devient ici le porteur de la sagesse païenne incarnée par Hélios. Cette synthèse révèle comment les artistes.es de l'époque intégraient naturellement les héritages culturels multiples dans leurs créations.
Une autre carte du Soleil, créée au milieu du 15e siècle pour le Duc de Ferrara, illustre l'une des anecdotes les plus célèbres de l'Antiquité : la rencontre entre Alexandre le Grand et le philosophe cynique Diogène. Cette histoire, rapportée par Plutarque et reprise jusqu'à Shakespeare, raconte comment Diogène, vivant dans un tonneau par choix philosophique, demanda à l'empereur de s'écarter car il lui faisait de l'ombre.
Cette scène sur une carte du Soleil n'est pas anodine. Elle illustre parfaitement la valeur de la lumière naturelle face aux honneurs terrestres. Diogène, en réclamant simplement que le soleil continue à l'éclairer, établit une hiérarchie des valeurs où la lumière authentique prime sur le pouvoir politique. Cette interprétation philosophique enrichit considérablement la symbolique de la carte.
Bologne développe sa propre iconographie avec une femme assise tenant une quenouille et un fuseau. Cette image devient rapidement standard dans cette région, comme en témoigne la carte Dalla Torre imprimée au 17e siècle.
La quenouille et le fuseau méritent une attention particulière. Dans l'Europe pré-moderne, voir une femme filer en marchant, en gardant ses animaux ou en attendant que la bouillie cuise constituait un spectacle quotidien. Le fuseau devient ainsi le symbole de la ménagère respectable et travailleuse. Cette symbolique se lie naturellement au Soleil : de même que l'astre effectue sa révolution quotidienne dans le ciel, le fuseau tourne régulièrement, rappelant l'importance d'utiliser les heures de clarté pour accomplir son travail.
Le tarot de Budapest, imprimé en Italie juste avant 1500, présente une vision plus naturelle avec un soleil bienveillant versant ses rayons vivifiants sur une forêt ou un verger. Cette représentation directe, sans personnages humains, met l'accent sur la fonction nourricière du soleil.
Cette approche rappelle que le Soleil, avant toute interprétation symbolique complexe, reste la source primordiale de vie sur Terre. Les rayons qui tombent sur les arbres évoquent la photosynthèse et le cycle vital, ancrant la carte dans une réalité tangible qui parle à chacun.e d'entre nous.
Le plus ancien Soleil connu montrant une femme avec quenouille et fuseau apparaît dans le fameux tarot de Charles VI, peint pour un.e aristocrate italien.ne au milieu du 15e siècle. Cette carte établit un lien symbolique profond avec Clotho, l'une des trois Parques de la mythologie grecque qui file le fil du destin individuel.
Cette association transforme la simple fileuse en figure cosmique. La femme sous le soleil ne se contente plus de filer la laine : elle tisse littéralement le fil de la destinée humaine. Le soleil qui l'éclaire devient alors le témoin bienveillant de ce travail fondamental, rappelant que chaque jour apporte sa part de construction du destin personnel.
Le Tarot de Paris, imprimé vers 1615, présente une interprétation surprenante de la carte LE SOLEIL. Cette version française montre un singe tenant un miroir devant une femme aux cheveux particulièrement longs. Cette composition constitue probablement une allégorie de la Vanité, thème très prisé dans l'art européen de l'époque.
Cette représentation révèle comment les créateur.rice.s français.es de l'époque adaptaient les symboles du tarot aux préoccupations morales de leur temps. Le singe, animal traditionnellement associé à l'imitation et aux défauts humains, devient ici le révélateur des apparences trompeuses. Le miroir, quant à lui, symbolise la vanité mais aussi la nécessité de la connaissance de soi, créant une tension symbolique riche entre illusion et vérité.
Le soleil projette des flèches de lumière multicolores - et non des gouttes comme nous avons vu dans l'article sur 18 - LA LUNE. Cette représentation s'inscrit dans la vision cosmologique de l'époque où les astres irradient littéralement leurs influences vers la terre.
Le muret constitué de parpaings multicolores frappe par son aspect kaléidoscopique. Cette construction bariolée pourrait symboliser la diversité des expériences humaines qui forment les fondations de notre développement psychologique. Cependant, certain.e.s pourraient y voir une instabilité, une construction hétéroclite qui manque d'unité - perspective qui nuancerait l'optimisme apparent de la scène.
L'homme, situé à gauche, porte des vêtements et arbore un détail fascinant : une jambe de couleur bleu clair et l'autre de couleur rose chair, comme s'il était littéralement partagé, coupé en deux. Cette dualité chromatique évoque un être en transition, encore divisé entre différents aspects de sa personnalité.
Il semble porter un collier rouge avec un lien qui descend, probable référence aux chaînes de 15 - LE DIABLE, mais indiquant ici que cette servitude appartient au passé - l'homme est désormais libre. Je reconnais toutefois qu'on peut avoir un doute sur la présence de ce collier : dans les versions ultérieures du Tarot de Marseille, cet élément sera mieux dessiné et représenté. Mon interprétation s'appuie sur ma connaissance des autres tarots de Marseille qui confirment cette symbolique.
Cette représentation soulève des questions intéressantes : pourquoi l'homme conserve-t-il des vêtements alors que la femme apparaît nue ? Cette asymétrie pourrait refléter des conventions sociales de l'époque, mais aussi suggérer que l'homme a encore des défenses à abandonner, des masques à enlever.
La femme se présente entièrement nue - son corps couleur rose chair témoigne de cette nudité - à l'exception d'un voile pudique autour des hanches. Elle porte également un collier rouge, rappelant son ancienne condition de soumission au Diable, mais cette marque du passé semble moins contraignante que chez l'homme.
L'élément le plus révélateur demeure la pièce d'eau au pied du couple. Sur la carte originale conservée à la Bibliothèque Nationale de France, ce détail se distingue à peine car le vieillissement fait que le vert du sol se confond avec le bleu foncé de l'eau. Heureusement, Jean Claude Flornoy, qui a restauré ce tarot, le montre clairement avec des couleurs plus visibles.
Cette pièce d'eau révèle une différence cruciale : l'homme semble au bord de l'eau, alors que la femme a un pied dans l'eau. Cette position suggère que la femme maintient une connexion plus directe avec l'élément aquatique, symbole de l'inconscient et des émotions. Mon hypothèse est que la femme représente l'écrevisse de 18 - LA LUNE qui peut désormais sortir de l'eau et prendre forme humaine, ayant été apaisée et acceptée.
Cette vision novatrice influencera les créations ultérieures. Quand le Tarot de Marseille devient populaire en Italie au 18e siècle, les cartier.e.s italien.ne.s adaptent certaines images aux goûts locaux. Le deck Piémontais montre un couple qui se tient de manière assez maladroite, rappelant les deux garçons du Tarot de Marseille traditionnel. Plus tard, le deck Soprafino de 1835 par Carlo Della Rocca présente un couple bien habillé dansant dans un jardin clos - image reprise par les imprimeur.se.s de Lombardie et du Piémont tout au long du 19e siècle.
Si vous regardez attentivement la carte, le personnage de droite a un seul œil ouvert, l'autre est fermé, comme s'il était partiellement aveugle. Ce détail troublant suggère une vision incomplète ou altérée, évoquant peut-être les limites de la perception humaine face à la lumière divine. Cette asymétrie oculaire pourrait symboliser la transition entre l'aveuglement passé et la clairvoyance à venir, ou au contraire révéler que même dans la joie solaire, notre vision reste partielle.
Dodal introduit une modification majeure : deux enfants remplacent le couple adulte. Cette transformation s'avère décisive, car cette imagerie devient la représentation standard européenne pendant quatre siècles. Cette standardisation révèle d'ailleurs une simplification symbolique qui, si elle facilite l'interprétation, peut aussi appauvrir la richesse psychologique de la vision originale de Noblet.
Ces deux enfants évoquent les jumeaux de la mythologie, notamment Castor et Pollux. Ces héros possèdent des attributs qui les relient parfaitement à la carte du Soleil : ils excellaient dans l'équitation et Pollux était champion de boxe, activités associées aux Enfants du Soleil dans la tradition astrologique renaissance. Le mythe de leur sacrifice mutuel - Pollux partageant son immortalité avec son frère mortel - résonne avec le thème de l'amour fraternel transcendant présent dans la carte.
La Renaissance croyait fermement aux "Enfants des Planètes", l'idée qu'une planète gouverne la destinée et influence la personnalité, l'occupation et l'apparence physique de chaque individu. Cette doctrine astrologique structurait profondément la vision du monde de l'époque, influençant l'art, la médecine et les relations sociales. Les Enfants du Soleil, comme l'astre qui les gouverne, se distinguaient par leur charisme naturel, leur rang noble et leur capacité à devenir naturellement le centre d'attention.
Cette théorie planétaire explique pourquoi les illustrations des "Enfants du Soleil" montraient toujours des jeunes aristocrates pratiquant des sports de la haute société comme l'escrime, la lutte, la gymnastique et l'haltérophilie. Ces activités physiques nobles contrastent avec l'image plus contemplative que nous pourrions avoir aujourd'hui de l'épanouissement solaire. Cette dimension athlétique rappelle que le Soleil symbolise aussi la vitalité corporelle et la performance physique.
Paradoxalement, cette standardisation des deux enfants, si elle démocratise l'accès symbolique au bonheur solaire, peut aussi le banaliser. L'innocence enfantine, certes touchante, risque de masquer la complexité des processus psychologiques d'intégration que suggérait la version plus sophistiquée de Noblet.
Vers 1650, Jacques Viéville publie à Paris une version révolutionnaire : un jeune homme nu brandit une bannière tout en galopant à travers un champ sur un cheval pâle, sous un soleil flamboyant. Cette imagerie, reprise dans le modèle Rouen-Bruxelles populaire en Belgique et dans le nord de la France jusqu'au milieu du 18e siècle, introduit des symboles qui influenceront plus tard les occultistes français et britanniques.
La bannière que tient le jeune homme dans la version Vandenborre affiche une croix rouge sur fond blanc. Cette enseigne, portée au combat par les croisés, apparaît également dans les représentations du Christ ressuscité sortant de son tombeau pour symboliser sa victoire sur la mort. Les occultistes interpréteront plus tard ce jeune homme à la bannière comme une âme libérée du monde matériel, sur le point d'être emportée vers les cieux.
Ce que je trouve bizarre dans cette approche. C'est que cette même bannière est utilisée dans la carte suivante XX - JUGEMENT, de manière beaucoup plus pertinente. Alors pourquoi cette redondance et utiliser ce même symbole dans les deux cartes (ce que font Vieville et Vandeborre) ?
Wirth va plus loin en représentant les enfants du Soleil comme un jeune garçon et une jeune fille sur lesquels pleut de l'or céleste. Dans sa vision, la dix-neuvième arcane représente un stade où l'humanité n'a pas encore accédé aux cieux. Le mur derrière les enfants indique que l'âme demeure encore dans le monde matériel. Le soleil maintient cette ancrage dans le visible, car à ce stade, l'esprit reste emprisonné dans un corps en cours de purification avant de pouvoir s'unir à l'Esprit Universel.
Dans le jeu de l'Ordre, l'iconographie reste proche du Tarot de Marseille : un garçon et une fille nus se tiennent la main devant un mur. Cependant, des détails significatifs apparaissent : le garçon se tient sur l'herbe verte tandis que la fille se trouve dans une mare d'eau. Les gouttes tombant du soleil se transforment en Yods, la première lettre du nom de Dieu en hébreu, ajoutant une dimension sacrée explicite.
Dans la vision de Waite, le jardin clos derrière le mur de pierre représente notre monde matériel éclairé par le soleil terrestre. L'enfant chevauche en s'éloignant du mur car il a été libéré et effectue la transition de ce monde vers un royaume transcendant. Waite affirme que l'humanité transformée redevient simple et innocente comme un enfant nu. Une harmonie parfaite s'établit entre la conscience transformée et la nature animale, symbolisée par l'accord parfait entre l'enfant et sa monture.
Le Rider-Waite-Smith introduit un élément visuel nouveau : quatre tournesols dans le jardin. Ces fleurs, qui suivent naturellement la course du soleil, symbolisent les quatre éléments et les quatre couleurs du tarot, renforçant la dimension universelle et cyclique du Soleil. Cette innovation enrichit considérablement la symbolique de la carte en y intégrant une référence directe à la structure même du tarot.
Le Rider-Waite-Smith transforme définitivement la perception moderne de la carte LE SOLEIL. En passant de la représentation collective (deux enfants) à l'expérience individuelle (un enfant seul), Waite crée une imagerie plus narrative et psychologique.
Ce tarot présente une particularité intéressante en mettant en scène une femme et un homme plutôt que les traditionnels deux enfants. Cette approche fait écho à la vision originale de Jean Noblet et mérite d'être soulignée tant elle est rare dans les créations contemporaines. Cette représentation du couple résonne profondément avec la compréhension psychologique que je développe concernant LE SOLEIL comme vous le lirez dans la section plus bas 'Ce que n'est pas la carte'.
Cette version présente une composition énigmatique avec des silhouettes humaines assises sur des oiseaux perchés sur des branches, entourant un soleil central accompagné de symboles mystérieux. Si cet aspect reste difficile à décrypter entièrement, un élément particulier retient mon attention.
L'image représentant une pile de papiers maintenue par une ficelle constitue une vraie trouvaille symbolique. Cette métaphore du patchwork résonne parfaitement avec la nature profonde de LE SOLEIL : celle d'une étape où nous parvenons à rassembler des aspects différents et disparates de notre personnalité pour les vivre de manière harmonieuse. Cette vision du soi unifié mais composé de multiples facettes correspond exactement à l'œuvre d'intégration psychologique que représente cette carte (cf. section plus bas 'Ce que n'est pas la carte').
Cette approche contemporaine répond aux défis identitaires actuels, où l'individu doit composer avec des influences multiples et parfois contradictoires. Le symbolisme du "tout cohérent" formé d'éléments divers offre une perspective optimiste sur la complexité identitaire moderne.
Ce tarot se distingue par son symbolisme ultra simple et basique, présentant une silhouette humaine d'apparence infantile tournant le dos à un soleil omniprésent. Ce soleil blanc, éblouissant comme un flash, occupe une grande partie de l'image tandis que la silhouette lève les bras, semblant chercher à se protéger de cette lumière excessive.
Cette représentation ose proposer une image qui n'est pas ultra positive du soleil, adoptant un symbolisme beaucoup plus neutre, voire négatif. Cette approche courageuse rappelle une vérité fondamentale : à trop fixer le soleil, on se brûle les yeux et on devient aveugle. Cette métaphore visuelle évoque brillamment les dangers de l'aveuglement par excès de confiance, de vanité ou de superficialité.
Cette vision nuancée enrichit notre compréhension des aspects renversés traditionnels de la carte, en les intégrant directement dans l'iconographie. Elle nous rappelle que même les énergies les plus bénéfiques peuvent devenir destructrices en excès./p>
Cette version présente une carte pas si positive que ça, avec un soleil au visage grimaçant et aux yeux fermés. Les deux personnages transcendent la simple représentation d'enfants pour incarner des aspects très contradictoires et opposés : l'un à la peau blanche, l'autre à la peau noire. Cette dualité chromatique constitue une belle alternative au couple homme/femme traditionnel.
Le personnage noir, possible résurgence de l'Ombre jungienne, tient une serpette suggérant qu'il vient de trancher les liens de servitude (référence à LE DIABLE). Son autre main s'enfonce dans le ventre du personnage blanc, évoquant mieux le symbolisme de fusion et de mixage que le simple contact traditionnel. Ce geste, bien que troublant, illustre l'intensité du processus d'intégration.
Le personnage noir possède un masque rappelant le crâne humain avec des cornes, évoquant directement l'iconographie diabolique traditionnelle. Ce masque, pour moitié brisé, laisse apparaître la peau noire de son visage, créant un effet de dévoilement progressif. Le fait que le vrai visage apparaisse sous le masque brisé évoque un processus de révélation authentique, où l'aspect sombre de la psyché abandonne ses déguisements effrayants pour révéler sa nature véritable.
Le personnage blanc (Sans doute inspiré du putto - enfant ailé de la mythologie antique - comme évoqué précédemment), aux ailes angéliques et portant une lyre, agrippe le cou de son partenaire plutôt que de poser simplement la main sur son épaule. Cette gestuelle révèle la nature possessive ou d'appropriation inhérente au symbolisme du Soleil. Particulièrement intéressant : ce personnage lumineux a la moitié de son visage de couleur noire, comme contaminé par son partenaire, évoquant la fusion des contraires à la manière du symbole Yin Yang.
Le détail des pieds dans une plaque d'eau révèle que le créateur connaît le tarot de Jean Noblet et en comprend la portée symbolique. Cette référence ancre la création moderne dans la tradition historique tout en la renouvelant.
Si cette image tire vers une évocation assez négative que je n'apprécie pas forcément, je dois reconnaître que le symbolisme de cette carte démontre de la part de l'auteur une véritable compréhension du symbolisme profond de LE SOLEIL. Cette version explore courageusement les zones d'ombre de l'intégration psychologique, même si elle peut troubler par son intensité dramatique.
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Beaucoup de personnes perçoivent LE SOLEIL comme la carte du charisme, de l'optimisme et du rayonnement vers l'extérieur. En observant attentivement le Tarot de Marseille avec ses deux enfants, je constate qu'il faut tempérer cette perception. Cette carte évoque d'abord la candeur, la fraîcheur et la joie innocente.
Plus fondamentalement, une idée fausse circule concernant cette carte. Tout comme 18 - LA LUNE est souvent vue comme une carte d'intériorisation, LE SOLEIL apparaît comme une carte d'extériorisation. En réalité, les deux cartes fonctionnent comme des cartes d'intériorisation. Elles nous parlent toutes deux de ce qui se passe à l'intérieur de nous. Cette prétendue extraversion qui pourrait caractériser LE SOLEIL n'est qu'une conséquence de ce qui se développe au fond de notre être. Ce que l'on émet vers l'extérieur ne fait que refléter notre transformation intérieure.
Pour comprendre ce qui se passe réellement au niveau psychologique, il faut retracer le chemin parcouru depuis 15 - LE DIABLE. Avec 16 - LA MAISON DIEU qui suit le Diable, nous réalisons à quel point nous nous sommes perdus·es et comment notre ego excessif a détérioré nos relations avec les autres.
17 - L'ÉTOILE marque le début de cette reconstruction : nous retrouvons le chemin de la vertu. Dans cette carte, la femme qui verse de l'eau avec ses amphores crée en fait le lac que nous voyons dans LA LUNE. On peut aussi dire qu'elle "perd les eaux", et l'écrevisse dans le lac pourrait symboliser l'embryon dans le liquide amniotique - notre enfant intérieur en formation.
Ma vision particulière concerne cette écrevisse visible dans LA LUNE. Contrairement à l'interprétation traditionnelle qui y voit un symbole du signe du Cancer ou une représentation des peurs primitives, je propose une autre lecture : l'étoile est en train d'accoucher, et ce qu'elle met au monde se retrouve dans les eaux qu'elle a versées. L'écrevisse devient ainsi notre enfant intérieur profondément blessé - cet enfant capricieux qui s'était manifesté sous la forme du DIABLE.
Avec 18 - LA LUNE, il faut laisser remonter à la surface notre enfant intérieur blessé afin de le purifier et de le libérer. Cette phase représente une étape cruciale de l'intégration psychologique où nous cessons de refouler nos aspects blessés pour les accueillir consciemment. Ce processus demande beaucoup de courage car il s'agit de réconciliation avec nos parts d'ombre.
Avec 19 - LE SOLEIL, ayant accepté notre Ombre jungienne, nous faisons face à notre Animus/Anima. Ici, parce que les Maîtres Cartier·e·s étaient des hommes, ils·elles ont avant tout symbolisé un processus de rencontre avec l'Anima. Dans le tarot de Jean Noblet, on voit bien que l'homme et la femme n'ont pas la même fonction. Au-delà de la complémentarité des pôles masculins et féminins, il semble que l'homme doive se dévêtir, se mettre à nu, alors que la femme l'est déjà.
De plus, la femme semble sortir de l'eau ou être connectée à l'eau, alors que l'homme est clairement au bord. C'est pourquoi je pense que Jean Noblet voulait nous dire que la femme est l'écrevisse qui peut désormais sortir de l'eau et prendre forme humaine car elle était apaisée et acceptée. Ainsi l'homme doit continuer son chemin en intégrant son Anima après avoir intégré son Ombre jungienne.
Vous allez me dire que je me contredis, car en effet quelques lignes plus haut, je dis que l'écrevisse au fond du lac, c'est l'enfant intérieur qui vient de sortir du ventre de sa mère. En vérité, il y a bien une chronologie Ombre ➡ Anima/Animus ➡ Enfant intérieur (et à cette étape, je ne devrais pas encore parler de l'Enfant intérieur), mais nous arrivons à un stade où les évolutions et les transformations deviennent d'autant plus subtiles qu'elles sont profondes. Déjà on parle bien d'un même processus pendant ces 3 étapes : l'intégration. Et il se fait en parallèle, car les 3 archétypes Homme/Femme/Enfant sont présents en même temps au sein de notre psyché. C'est juste qu'ils ne cohabitent pas harmonieusement.
Jean Noblet avait sans doute une perception très égalitaire du rôle de l'homme et de la femme. C'était peut-être un féministe avant l'heure. Je pense aussi qu'intuitivement, il avait compris bien avant Carl Jung que la psyché humaine s'articulait autour de trois pôles archétypaux : l'Homme, la Femme, l'Enfant, chacun des pôles représentant un groupe de valeurs spécifiques.
Jean Noblet avait sans doute perçu la difficulté d'admettre, d'accepter, de mettre en avant même, une "sensibilité" et des traits de caractère que l'on considère encore aujourd'hui comme féminins. Il avait compris que l'homme, la femme et l'enfant en nous avaient du mal à cohabiter et à s'entendre - exactement comme dans une vraie famille réelle. Ayant arrivé à cette perception de son intériorité, il avait certainement pensé qu'une étape importante vers la réalisation spirituelle était l'entente homme/femme en nous.
Les autres maîtres cartier·e·s n'ont visiblement pas eu une telle approche. En mettant deux enfants à la place de l'homme et la femme, ils·elles ont mis en avant les qualités de l'enfant intérieur : les qualités de candeur, d'innocence, de pureté de cœur. Ceci afin sans doute de rapprocher le plus possible la scène de la carte des thématiques et du symbolisme du soleil. Je pense qu'il y a eu là un biais culturel et sociétal, où les maîtres cartier·e·s ont agi selon leur éducation et leur culture de l'époque.
Je pense que Jean Noblet a eu raison. Je suis personnellement convaincu que LE SOLEIL fonctionne mieux quand l'image met en scène un homme et une femme, et non pas deux enfants. Ce qui me fait définitivement dire cela, c'est 20 - LE JUGEMENT, où l'on voit un personnage sortir d'un tombeau. Ici il faut réellement voir la renaissance de l'enfant intérieur - un enfant intérieur guéri de ses blessures - qui se joint aux deux parents.
Selon moi et à priori Jean Noblet, la carte de l'enfant intérieur est LE JUGEMENT, et non pas LE SOLEIL. Les deux enfants dans LE SOLEIL sont là trop tôt, car à cet instant l'individu n'est pas prêt à accueillir son enfant intérieur. Pourquoi ? Parce qu'il·elle est encore dans son rôle et sa stature d'adulte : "Quoi ? Je ne vais pas écouter un enfant, je vois bien ce que cela a donné avec LE DIABLE. Hors de question de tomber de nouveau dans le piège, non je n'écouterai pas mon enfant intérieur, ça fait des ravages."
Au moment de LE SOLEIL, l'individu est encore exactement dans cette intériorité. C'est pour cela que l'homme et la femme doivent se parler et faire la paix, pour devenir de nouveau amoureux·se l'un·e de l'autre, afin que le nouvel enfant puisse venir dans LE JUGEMENT.
Cette compréhension révèle que LE SOLEIL représente une étape cruciale mais transitoire : celle de la réconciliation intérieure des polarités qui permettra ensuite l'émergence d'un enfant intérieur renouvelé et équilibré.
Interprétation Symbolique | Sens endroit (Positif) | Volonté, assurance, noblesse, honneur, épanouissement, joie, jouissance, réussite, prospérité, protection, entraide, fraternité, chaleur, paix, or, luxe | Sens envers (Négatif) | Aveuglement, orgueil, ostentation, prétention, bluff, colère, despostisme, intolérance, égocentrisme, stérilité |
Interprétation Psychologique | Sens endroit (Positif) | Confiant, optimiste, loyal, fidèle, intègre, raisonné, sincère, créatif, généreux | Sens envers (Négatif) | Superficiel, décomplexé, comédien, exhibitionniste de richesse, avare, vaniteux |
Conseil | |
Sois solaire et rayonne de joie. Transmets ta lumière. Développe ton charisme. Le bonheur n’attend pas, profite du moment présent et des joies du quotidien. Donne sans attendre de retour | |
Interprétation Thématique | Amour | Mariage en vue. Amour partagé. Relation fleur bleue. Compagnon sur un piédestal. Partenaire intéressé ou vénal | Travail | Collaboration fructueuse. Reconnaissance de la hiérarchie. Promotion. Poste convoité. Négligence dans le travail | Argent | Travail lucratif. Mécénat. Nature Dépensière. Attitude bling-bling | Famille / Amitiés | Amitié fraternelle. Ambiance familliale joyeuse. Paternalisme. Enfant roi. Relation unilatérale | Santé | Vitalité excellente. Optimisme dans la guérison. Aucune prévoyance ou de prévention. Déni d'une maladie ou d'un diagnostic |
Divination / Prédictif | Qui ? | Une personne charismatique. Une personnalité extravagante. Un individu hautain. Un patriarche. Un père. Un patron | Où ? | Un théatre. Un stade. Un jardin potager. Une plage. Le désert. Le lit conjugal | Quand ? | Un discours. Un spectacle. Un concert. Une activité en famille. L'été. Un voyage dans le sud | Comment ? | En s'abandonnant à l'autre. En se mettant nu devant lui. En lui donnant tout. En s'en remettant à lui |
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